Une revanche sur Belledonne
La journée ne s'annonçait pas très propice à de beaux voyages mais l'envie de prendre l'air était plus forte que tout avec Nicolas, Xavier et Adrien. Bien nous en a pris, on a pu prendre notre revanche sur un Belledonne qui, la dernière fois, nous avait enterré (en tout cas Nicolas et moi).
Les conditions ne s'annonçaient pas exceptionnelles comparées aux semaines passées, mais cela faisait un petit moment que l'aile n'était pas sortie de son sac. C'était donc l'occasion, avec la nouvelle navette, d'aller enchaîner des rotations à Saint Hilaire. Je motive Nicolas, Adrien et Xavier et nous nous retrouvons à Lumbin pour un premier plouf du matin. Chouette, on va pouvoir essayer le nouveau système de rotation depuis que le funiculaire n'est plus en état.
« La navette, c'est le WE et on est lundi ! » me réplique Nicolas.
Quoi ! Ça ne marche pas non plus sur un WE de 3 jours ? Quel échec alors que la navette a du tourner à vide les deux derniers jours, la faute aux conditions. Du coup, on va faire une rotation à l'ancienne, en voiture...
On monte donc s'en mettre un premier. En l'air, ce n'est pas si agité que ça mais on tient en cherchant un peu. Par contre, ce n'est clairement pas l'heure de partir en cross. Un souci sur la sellette de Xavier l'oblige à aller atterrir. Je vais me poser également, suivi quelques minutes plus tard par Adrien et Nicolas. Les cuissardes n'étaient pas assez bien serrées, donc la planchette ne basculait pas lorsque Xavier essayait de s’asseoir.
On remonte fissa en prenant un truc à grignoter au passage. Xavier règle sa sellette sur le portique (les deux ficelles) au décollage Sud. Après avoir testé la bascule et sa capacité à s'asseoir un peu mieux dedans, nous voilà reparti en l'air.
Je pars le premier, suivi d'Adrien. Je fonce bille en tête vers le thermique sous le décollage delta. Il est horriblement méchant, je tiens la voile très fermement et me demande quelle idée j'ai eu de me mettre ici. Mais c'est le printemps après tout...
« Le thermique du déco delta est méchant, faites attention ! » annonçais-je en radio.
Adrien (qui n'a pas de radio) tente de prendre le même mais il ne semble pas monter dedans. On se retrouve donc à deux étages différents. Fort de ce gain, j'avance en direction du Sud. Un peu péteux sur le chemin, j'arrive aux antennes où un autre thermique pas très rigolo m'accueille. La encore, il faut bien tenir l'aile. Je trouve ces avant relief très malsain aujourd'hui...
J'avance, au dessus du plateau pour profiter de tous les thermiques qui sortent des falaises et aussi pour être assez loin d'elles en volant haut. Tout cela ne me dit rien qui vaille. Derrière, Adrien vient de transiter assez bas, sous les falaises et ne semble pas vouloir prendre du gain.
J'avance sur l'école d'escalade et me trouve propulsé à 1600m par un nouveau thermique. Celui là d'habitude n'est pas aussi actif et pas avec un plafond aussi haut. J'ai des pointes à quasiment 4m/s. Au moins, j'aurai pas l'occasion de m'ennuyer à remonter Chateau Nardent. Nicolas et Xavier sont à 2 thermiques derrière moi. Adrien est plus bas que le pied de la falaise, il se bat dans du petit pour tenir et remonter.
Je passe directement sur le sommet de Chateau Nardent et comme je n'aime pas les avant-reliefs aujourd'hui, ma route est toute tracée, je n'irai pas au Saint Eynard ! Au loin, Adrien a réussi à remonter jusqu'à l'école d'escalade. Beau rattrapage pour un plaineux ! Mais il a prit pas mal de retard. Direction donc le Bec Charvet avec Nico qui vient de me rattraper. Xavier est plus bas mais nous suivra quelques minutes plus tard.
Le Bec Charvet est une formalité et nous progressons vers la Dent de Crolles. A partir de 1600m, les thermiques sont moins méchants, on sent qu'on a changé de masse d'air. Par contre, ils nous propulsent à grande vitesse (mais pas violemment). Là encore, on atteint des records de montée avec des belles pointes à 3,5m/s. On atteint le sommet en deux temps, trois mouvements !
Et on poursuit sur la crête. On verra bien où cela nous mènera. Des parapentistes attaquent le Granier par les faces Ouest mais on ne les voit pas ressortir.
« Le Granier ne me dit rien qui vaille, Nico » dis-je en radio.
« Ouais, je suis d'accord, ça pue comme plan. » répondit-il. « On se tente Belledonne ? »
« Je sais pas, les prévis semblaient pas folles aujourd'hui... »
« Allez, regarde, y a des ailes qui partent sur le Saint Genis et d'autres qui semblent en sortir ! »
Bon, d'accord, au pire, je ferai un glide sur le Saint Genis, poussé par la brise pour rentrer. Ou alors je me vacherai dans un champ à Theys comme la dernière fois ou en vallée si je suis meilleur aujourd'hui...
Je prends tout le gain que je peux, à savoir 2500m (pour un plafond estimé par les prévisions à 2300m ce jour là) et je fonce en diagonale sur le Saint Genis en faisant une belle laisse de chien pour anticiper la brise.
En arrivant au Saint Genis, Nico m'annonce :
« Ils ont l'air de galérer les autres. Je vais prendre la direction de l'atterrissage en prenant appui sur le Saint Genis. »
J'ai davantage dégradé que lui pendant la transition (mais il est parti de plus bas de Chartreuse) et je vais moins vite (j'ai qu'une Spantik 2 contre une Artik 6 pour lui). Fort heureusement, cela me fait un bon fusible pour le Saint Genis. Je le vois donc partir puis se raviser et trouver un thermique puis un autre qui lui permettent de prendre de l'altitude. Je fais également du gain et nous avançons en direction du Cret du Poulet.
Il remonte sur la crête sans problème tandis que moi, je galère à enrouler le thermique du Chalet de Pierre Roubet qui est lavé par la brise d'Allevard d'après mon analyse. Finalement, je m'en sors et je regarde cette transition avec défi. Il y a un mois j'avais du vacher à Theys. Cette fois, c'est passé, belle revanche !
Je suis Nico en direction des Sept Laux avec un thermique de retard à chaque fois. Belledonne est nappé de neige et c'est franchement magnifique. On croise des skieurs de randonneur sur les pistes. Les thermiques sont un peu plus calmes par rapport aux basses couches, voir parfois anémiques Par contre, à 2300m, on sent une sorte de couche un peu turbulente, sûrement le vent météo.
« Bon, je vais jusqu'à Orionde et je rentre ! » lui dis-je alors que je vois apparaître ce dôme neigeux derrière le Jas des Lièvres.
« Xavier, pour les autres. Je rentre me poser en haut, bonne fin de journée. »
Cool, des nouvelles de Xavier ! Mais aucunes d'Adrien... En même temps, sans radio, c'est logique.
« Je vais continuer jusqu'au Grand Colon. Mais ça va être compliqué de rentrer, je suis à 45 km/h. » annonce Nicolas.
Finalement, à Orionde, bien que le thermique soit assez costaud (un des rares thermiques en Belledonne a être un peu méchant), je vois le Grand Colon à côté, alors je me décide d'aller y faire un tour tout simplement parce que c'est beau Belledonne en cette saison !
Je progresse tant bien que mal vers le Grand Colon et croise Nicolas qui en revient. Il n'a pas cherché à prendre du gain au dessus. Moi oui, je suis propulsé bien au dessus avant de me faire dégueuler en rentrant. Un thermique improbable me permet de reprendre du gain avant de rentrer contre la brise à Lumbin avec Nico.
La dernière transition est interminable (30 minutes quand même)... Et surtout, en arrivant en bas, on se fait contrer bien comme il faut en arrivant à des vitesses de 15km/h avec premier barreau au pied. Autant dire qu'il ne faut pas aller chercher trop loin sous le vent de l'atterrissage.
Et hop, la petite trace 3D de moi et Nico de cette journée qui s'est révélée bien meilleure que ce que nous pensions !
Attablé à la terrasse de l'Attero, nous prenons des nouvelles d'Adrien qui est en live sur XContest. Il a transité sur les Bauges et est en train de s'essayer à rentrer par Belledonne. Mais finalement, il vachera au pied de Brame Farine, plus ou moins au même endroit que moi il y a 2 ans et pour les mêmes erreurs. Mais c'était une belle expérience en tout cas, bravo à lui !
Note : on a pas pris de photos en l'air donc j'ai récupéré une de mes vieilles photos de Belledonne un peu plus tôt dans la saison.