BPC dans le Chablais

BPC dans le Chablais

Avec JB, nous décidons, qu'enfin, cette année, nous allons passer le BPC !! Il était temps me direz-vous. Oui, il était temps ! Mais pour ne pas rester dans notre zone de confort, nous décidons de le passer dans le Chablais, massif assez méconnu pour nous deux. Et puis comme ça, au pire, si on ne l'obtient pas, on l'aura découvert avec des professionnels. Tout bénéf ! Cerise sur le gâteau, comme c'est sur un WE de 5 jours, autant en profiter pour découvrir le secteur avant de passer la pratique pendant le WE.

Préparation du WE

Le mercredi du WE de 5 jours ne s'annonce pas des plus favorable pour voler dans les Alpes du Nord. Avec JB, on réfléchit donc à des alternatives.

JB : « Sinon mercredi c'est fumant en plaine à Reims 🤣🤣🤣 »

Rémi : « Reims c'est pas à côté mais j'ai toujours voulu essayer d'aller faire de la plaine 😛 »

JB : « Ça te tente vraiment mon plan foireux là ? »

Rémi : « Ba c'est jamais super fun de prendre la voiture pendant des heures, mais si ça permet de voler en plaine, on a pas trop le choix, non ? »

JB : « C'est quand même un sacré plan galère. Si ça marche pas on aura fait de la route rien, si ça marche on va galérer à rentrer à la voiture 🤣 En gros j'ai pas envie de t'entraîner dans un plan galère si tu n'en es pas pleinement conscient 🤣 »

Rémi : « J'en suis complètement conscient 🙂 Donc soit on va où ça vole, soit je finis mon carrelage demain 😛 »

Quelques heures plus tard, après la mise à jour des prévisions.

JB : « J'avais regardé une option bus de nuit pour Reims mais sacrée pression 🤣🤣 »

Rémi : « Je suis indécis pour le moment. Sinon, on va dans le Sud jeudi, vendredi, on se trouve un site sur le retour en remontant et vendredi soir on dort à Morzine avant le BPC. »

JB : « On peut aussi aller voler direct dans le nord jeudi ça a l'air cool »

Rémi : « Alors en digérant un peu de mon côté, j'avoue que j'aurais bien aimé tester la plaine mais pour une seule journée, je ne suis pas sur que j'ai envie de faire autant de route. Je me dis que si à un moment, je dois aller à Dijon, je regarderai les prévisions et je tenterai sur une opportunité occasionnelle. Du coup, je suis plus motivé par aller voler dans les Nord des Alpes Françaises jeudi et les autres jours (même si ça a l'air moins bon que dans le Sud mais je connais déjà le Sud). »

JB : « Je suis carrément en phase. »

Carrelage ça sera donc ce mercredi pour ma part !

Le premier jour

Jeudi 9 Mai, nous partons donc de bonne heure. Nous souhaitons décoller de la Bourgeoise au dessus de Samoëns. Après avoir reconnu l'atterrissage du coin (qui est gigantesque), nous faisons du stop pour monter au parking du Col de Joux Plane. Il y a tellement de randonneurs qui montent pour admirer le coin, qu'il nous est facile de trouver une voiture.

Au décollage, nous patientons un peu. Quelques ailes vont faire les fusibles devant nous. Et enfin nous partons. Pour ce premier vol, JB va vacher vers le Coutaz, proche du parking (trace). Pour ma part, je prends plus de gain et décide d'aller découvrir la Montagne de Loex, mais les avant-reliefs ne donnent pas grand chose et je m'enfonce petit à petit. Une fois assez bas, je décide de faire demi tour. Il n'en fallait pas moins, j'arrive de justesse à l'atterrissage de Samoëns (trace).

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Dans le même temps, JB a eu le temps de remonter au décollage de la Bourgeoise pour se jeter une nouvelle fois en l'air. Ça le fait mieux alors il décide de partir dans le massif directement pour finalement vacher à Morzine (trace).

Pour ma part, je tergiverse quelques minutes puis décide de remonter en stop à la Bourgeoise. De là, j'essayerai de partir un peu dans tous les sens mais les thermiques ont disparus. L'ombre des nuages à tout éteint. Alors je tente une dernière transition de l'autre côté de la vallée de Taninges pour rejoindre les parapentes qui cherchent à monter à la Tête du Pré des Saix avant d'aller poser à Samoëns (trace).

Le second jour

Le second jour s'annonce meilleur que la veille avec des plafonds plus hauts. On a déjà pu faire une bonne reconnaissance du coin autour de Samoëns. Alors on décide de rentrer davantage dans le massif du Chablais. Depuis la Bourgeoise, on se dirige donc vers Les Hauts Forts puis la Pointe de Nantau en prenant un bon thermique au dessus d'Avoriaz. Nous avons en tête de rejoindre Mieussy avant de rejoindre Samoëns. Il y a quelques parapentes pour matérialiser la masse d'air, notamment vers le Roc d'Enfer.

De Nantau, nous prenons la direction du Roc d'Enfer. Une belle crête nous parait alléchante et un super cumulus se développe au sommet, tous les ingrédients pour que nous puissions avancer et reprendre du gain là bas. Et puis des ailes sont au loin là bas. Pas très haute, mais comme elles arrivent à peine, c'est l'effet de la transition.

JB arrive le premier sur place mais ne trouve rien. Une aile proche de lui se pose déjà dans un alpage. J'arrive à mon tour sur place, JB est déjà en train de chercher à poser. Il n'a pas réussi à franchir le col de la Basse. Je m'enfonce à mon tour dans les méandres des descendances pour poser au même endroit. Nous sommes 5 parapentistes à être tombé dans ce « triangle des Bermudes » du Roc d'Enfer (trace de JB et la mienne).

Le pliage terminé, l'option qui ressort de nos discussions est de nous dirigez vers le Mont Chéry. L'idée est de redécoller pour tenter de poser à Samoëns et ainsi boucler notre tour de la journée. Mais sur le chemin, nous rencontrons la navette des 3 parapentistes tombés avec nous dans le triangle de Bermudes. Son moniteur nous propose de nous déposer à Mieussy. Nous acceptons volontiers, ça sera sûrement meilleur que de monter au Mont Chéry à cette heure ci.

La navette nous amène tranquillement à Mieussy. L'ambiance est bonne, ça discute bien. Arrivé sur place, le vent est fort mais bien orienté. Nous déplions les ailes. JB se met en l'air, à moitié repoussé en arrière. Je tente un premier gonflage mais je me fais arracher. Je décide donc de descendre quelques mètres plus bas, pour ne pas être dans le venturi de la crête.

Plus bas, je galère à gonfler mon aile, le vente reste fort. Décidément j'ai du mal à monter l'aile dans le vent fort... Un point à travailler et à améliorer. Finalement, j'arrive à décoller et je me laisse monter en dynamique le long du relief avant de basculer dans la vallée de Taninges pour rejoindre Samoëns. J'en profites pour remonter sur la Bourgeoise pour voir-si-ça-marche-ou-pas avant d'aller poser (trace de JB et la mienne).

Le troisième jour

Le début du BPC, c'est aujourd'hui. Le rendez-vous est à 9h. A l'arrivée, les deux examinateurs sont assez directs :

« Normalement, c'était à vous de préparer le parcours de distance d'aujourd'hui. Mais comme c'est déjà fumant, on l'a fait pour vous et on va se mettre en l'air rapidement ! »

On fait donc un briefing assez rapide pour connaître le niveau des uns et des autres, nos attentes et nos craintes. Nous sommes 8 avec des parcours et des niveaux assez différents. En comptant les deux examinateurs, on va tenter de faire un vol de distance en groupe 🙄Déjà qu'avec JB, on arrive pas à voler ensemble alors à 10, c'est pas la même histoire.

Le vol de distance d'aujourd'hui fait une quarantaine de kilomètres mais comme ce n'est pas du cheminement ou de la crête à mouette, qu'il y a des espaces aériens à respecter, il s'agit d'être concentré et de bien faire ses plafonds (en respectant les espaces aériens et les nuages bien sur).

Le vol de distance du jour

On monte donc à Super Morzine en ayant au préalable repéré l'atterrissage. Des pilotes locaux sont déjà sur le départ. Le premier examinateur, qui devait être à la tête du groupe en l'air, se met en l'air mais n'arrive pas à s'extraire et passera bien 30 minutes à 1h à tourner du petit pour s'en sortir.

Pendant ce temps là, nous décollons tous et rejoignons rapidement le plafond à 2800m (il est 11h20) où l'on se met en attente en attendant que tout le monde soit en l'air et qu'on ait le top départ pour commencer le vol de distance.

En attente au dessus de Morzine

Le dernier examinateur se met enfin en l'air et le signal est donné de nous diriger vers les Hauts Forts. L'altitude accumulée nous permet de passer facilement sur la Pointe de Ressachaux puis sur les Hauts Forts. JB et moi arrivons sans grande difficulté au sommet où nous allons de nouveau nous mettre un peu en attente.

Mais le niveau des pilotes étant assez hétérogène, certains ont des difficultés à rejoindre cette première balise. Et l'examinateur qui cherchait à s'extraire du décollage prendra finalement le rôle de voiture balais. Le groupe s'étire donc entre Morzine et les Hauts Forts. Avec un examinateur à l'arrière et un autre à l'avant, le groupe qui patiente à la balise est autorisé à faire demi tour et à partir en direction du Nantau.

Après un gain au dessus de Morzine, nous transitons sur Nantau. Cette transition étire davantage le groupe et nous patientons donc un instant sur cette nouvelle balise. Certains pilotes se font coacher par l'examinateur à l'arrière pour arriver à progresser sur le parcours.

« Centre le thermique, il est plus sur ta droite ! »

« Non pas ici ! »

« Ton placement n'est pas bon. »

Après quelques minutes d'attente, nous quittons Nantau avec le groupe de tête, direction Ouzon. Les stratégies divergent selon les pilotes. Pour ma part, je me dirige vers la Pointe de la Corne avant de viser la Pointe de la Croix, en faisant attention de ne pas dépasser les 2500m (FL85). Mais la masse d'air est assez généreuse pour que l'on ne soit pas en PLS à chercher un thermique. Des beaux cumulus nous indiquent où passer.

Par contre, les pilotes ayant fait le choix passer plus au dessus de la vallée de la Dranse de Morzine sont plus bas, au soleil certes, mais également pas très loin de la brise de cette vallée. Trois pilotes poseront dans la vallée faute de trouver des thermiques et de pouvoir poursuivre le parcours.

En direction d'Ouzon

En arrivant à Ouzon, nous nous mettons une nouvelle fois en attente. Le groupe s'étire maintenant entre Morzine et Ouzon. Une bonne demi-heure nous sépare les uns des autres. L'examinateur de tête décide alors de nous laisser repartir en arrière et d'atteindre le Mont Chéry sans lui. Cela lui permet ainsi d'attendre les suivants.

En arrivant à Ouzon

Nous faisons donc demi tour direction le Nantau. Mais sur le retour JB s'écarte un peu plus en vallée alors que je reste sur les sommets et sous les cumulus. Du coup, en arrivant au Nantau, je peux facilement reprendre du gain pour transiter sur la dernière balise. Pendant ce temps là, JB cherche à rattraper son erreur.

Je transite sur le Mont Chéry. Un participant du groupe, un local, m'a précédé. En arrivant sur place, il demande la suite du programme en radio. Les examinateurs lui disent alors de continuer un peu plus loin sur la crête, voir de faire un passage par la Pointe d'Angolon. Au détour d'un nuage, je le perds de vue.

Direction le Mont Chéry

Pour ma part, ne me souvenant plus où est la Pointe d'Angolon (puisque cela ne faisait pas parti du briefing et que je ne connais pas le coin par cœur), je continue sur la crête avant de me diriger vers la Pointe de Nyon. Mais finalement, la flemme, alors je décide de retourner à l'atterrissage et de faire quelques wings over de victoire. C'est là que je retrouve JB faisant la même chose que moi au dessus de l'atterrissage (trace de JB et la mienne).

Une fois posé, nous plions et attendons la navette pour rentrer à l'école. Sur place, nous faisons un débriefing de nos vols à tour de rôle avec la trace de notre journée sous les yeux. Les examinateurs posent des questions de choix de trajectoire (recherche de signes comme des ailes, des rapaces ou des cumulus...), de placement dans la masse d'air (enroulement de thermique, rue de nuages...), de pilotage (utilisation de l'accélérateur...) et de ressentis (confiance dans l'aile en air instable...). Les réponses sont plus ou moins argumentées selon les participants.

Globalement, sur cette première journée, on ne s'est pas senti hors de notre zone de confort JB et moi. Pour certains autres élèves, je pense qu'ils ont touché certaines de leurs limites et sûrement des points à travailler.

Nous repartons tout de même avec des devoirs à faire à la maison : préparer un vol de distance pour le lendemain en fonction des conditions météorologiques. La soirée s'est donc terminée, au restaurant, JB et moi, par une analyse de ce qu'il était possible de faire ou pas le quatrième jour.

Le quatrième jour

Les conditions de ce dernier jour du BPC devaient se dégrader en début d'après midi. Le vol de distance serait donc plus court que la veille. Nous nous retrouvons à l'école et débattons tous ensemble de nos analyses du potentiel de la journée. Nous convergeons finalement sur un tour un peu similaire à celui de la veille mais un peu plus court.

Nous partons alors pour le décollage. Nous nous préparons pour finalement voir tous les fusibles locaux se faire avoir par l'ombre du nuage qui nous surplombe... Du coup, le vol de distance se transforme en exercices de pilotages : 3 tangages puis 3 tangages et un virage dynamique. Nous posons à l'atterrissage d'Aubergade. Chacun y passe, avec plus ou moins de succès et en respectant plus ou moins les instructions.

Et nous reprenons la navette pour un second vol et une nouvelle série d'exercices. Mais en arrivant là haut, des voiles commencent à sortir et les examinateurs décident alors de faire un micro vol de distance. L'objectif est d'atteindre les Hauts Forts puis d'aller poser sur un atterrissage non reconnu (pour simuler un vachage en vol de distance).

La journée étant plus difficile que la veille et la brise de Morzine étant déjà là, les conditions de vol sont plus compliquées... Déjà, on change de décollage pour ne pas nous retrouver sous le vent. Ensuite l'examinateur fusible nous indique qu'il ne trouve rien et donc qu'il faut qu'on se jette sur la pente Ouest puis Sud de la Pointe de Ressachaux. Cela nous permet de remonter en thermo-dynamique.

L'extraction n'est pas aussi facile suivant les pilotes. Il n'y a pas une grosse grappe bien définie pour monter, c'est plutôt chacun pour soi. Tant bien que mal, JB et moi arrivons tout de même à aller au sommet avec un autre aile et l'examinateur. Les nuages grossissent assez rapidement, voir attirent les ailes quand nous sommes proche d'eux.

Une partie du groupe continue de monter pendant que certains vont poser sur ordre du second examinateur, faisant la voiture balais et étant déjà au sol. L'examinateur en l'air propose alors de transiter sur la Pointe d'Angolon. Son aile nous sèche sur place (c'est ça les ailes perf au second barreau). Seul un pilote le suivra. Je décide, comme JB, de retourner à l'atterrissage. Je trouve que la masse d'air est de moins en moins saine et que ça monte trop facilement au regard de la couleur des nuages.

Au dessus de l'atterrissage, les pilotes cherchent à descendre rapidement, avec plus ou moins de directives du second examinateur. Pour ma part, je trouve une belle descendance que j'enroule allégrement avant de finir ma perte d'altitude par des wings over.

Le vent au sol a commencé a bien forcir, il faut donc faire attention à l'atterrissage. Comme cela reste un examen, il est important de s'appliquer jusqu'au bout, surtout par ces conditions ventées. En l'air, l'aile qui avait suivi le premier moniteur est encore haute et il sera guidé pour effectuer des manœuvres de descente rapide.

Tout le monde est maintenant posé (trace de JB et la mienne) et nous retournons donc à l'école pour un rapide debriefing et pour que ceux qui n'ont pas fait la théorie la passent. Comme JB et moi avons déjà la théorie, ils nous font un retour individualisé chacun et nous annoncent qu'ils nous délivrent à tous les deux le BPC pratique avant de nous libérer !

Conclusion

Un chouette WE qui nous aura permis de découvrir le Chablais depuis les airs, un bien beau massif, entre le Léman et le Mont Blanc mais pas aussi évident que les massifs aux alentours de Grenoble. Et comme on a pu coupler ça au passage de la pratique du BPC et des belles journées de vols, ce fut parfait ! En tout cas, le coin vaut le détour, je recommande.