Un petit tour dans le sud
Début de la semaine de vacance parapente avec Florian (l’autre frère), il a passé une semaine à voler pendant que je faisais de la rando donc il est bien en forme en ce moment. Notre seule expérience des Alpes du Sud étant à St Vincent à l’ascension, on a décidé d’aller les découvrir un peu plus sérieusement.
Au lendemain d’une tentative au col du Noyer et un beau vol pour se rattraper à St Vincent, nous avons vu que le vent se calme en altitude avec des thermiques qui peuvent atteindre les 3 000 m. En début de saison, nous avions pu suivre un livetrack d’Adrien depuis le déco de Chorges avec traversée du lac de Serre-Ponçon, nous envisageons de tenter un peu le même vol (https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20317856).
Notre expérience de Chorges se résume à un essai de Flo durant lequel il n’avait pas réussi à s’extraire. Autant dire que l’on n’y connaît pas grand-chose.
On dépose une voiture à l’atéro, l’autre vers un déco possible mais on commence à monter vers le déco dit des Jambons. Petit 700 m de dénivelé pour aller décoller bien perdu dans les alpages.
Vue depuis le déco avec une partie du plan de vol devant
Nous avons vu quelques voiles partir de la crête au dessus sans tenir et ceux qui décollent du décollage où nous avons laissé la voiture n’arrive pas à raccrocher derrière. Par contre personne autour de nous, sur le coup on n’est pas sur d’être au bon endroit.
On temporise un peu pour essayer d’assurer de ne pas faire un plouf. On décolle vers 12h10 vers 2 150 m, on s’oriente vers les crêtes à droite en sortie de déco. Et là c’est la belle découverte des thermiques des Alpes du sud avec des petits thermiques bien tonique qui arrache mais qui ne veulent pas se laisser s'enrouler. Quelques minutes à monter sur des moitiés de tour assez proche de la paroi à tenir son aile non stop, ce n’est pas le meilleur moment du parapente. Pendant ce temps là Flo a déjà réussi à s’extraire et est déjà quasiment aux nuages.
Allez je trouve enfin un thermique qui s’enroule vraiment jusqu’à 2 900 m vers le Piolit pour atteindre la hauteur de la base des nuages du moment. Pour suivre le plan de vol c’est direction les Aiguilles de Chabrières qui sont bien surmontées de nuages et qui doivent nous servir de relais pour transiter vers le Morgon. Arrivé là bas on a une belle vue sur le lac, sur la suite de notre vol mais entre les deux la transition vers le Morgon est impressionnante.
J’arrive à monter à 3 000 m en jouant sur les bords de nuage, ça se regarde un peu avec Florian pour savoir qui tente en premier. J’essaye de prendre un dernier nuage direction du Morgon que Flo est en train d’enrouler mais je n’arrive pas à trouver la zone ascendante. Je me retrouve donc derrière lui, plus bas avec ma spantik et lui sa fusion avec une transition de 10 km à faire. J’ai connu mieux comme situation.
Donc c’est parti pour passer au dessus de ce lac dont le niveau est bien bas, et en observant le raccrochage en face nous avons deux possibilités :
- Réussir à passer la crête de la face sud du Morgon pour passer au soleil et trouver les thermiques salvateurs si on est assez haut (en rouge)
- Aller dans la combe au nord du Morgon pour tenter de profiter de la brise du lac pour remonter (en bleu)
En fin de transition je ne suis pas sur de passer la crête, je vois des voiles ayant décollées de la Savines le Lac être dans les faces nord mais elles n’ont pas l’air de réussir à vraiment monter. Flo devant (et plus haut) passe facilement la crête et se fait satelliser directement.
Je décide de pousser pour le passage de la crête mais j’aurais aimé être plus haut (1 650 m). Je trouve assez rapidement de quoi monter jusqu’à 2 850 m, ce qui fait du bien au moral, mais le Morgon en lui même n’est pas aussi généreux qu’espéré.
On reste une vingtaine de minutes vers 2 200 m sur la crête sans oser partir vers Dormillouse. Un cum se formant en face sud du Morgon me fait retourner sur ces faces sud qui n’ont rien données depuis tout à l’heure. Ce thermique m’amène jusqu’à 3 050 m et sans attendre Flo je décide de partir en avant (je le connais, je ne me fais pas de souci pour lui).
Le raccrochage en face à 2 150 m se fait sans trop de difficulté même si je ne pensais pas descendre aussi bas. On retrouve un espace de vol que l’on connaît un peu plus mais on avait dit que le but serait de bien faire ses plafs et de faire gaffe aux nuages qui mettent des zone à l’ombre (souvenir du vol au col du Noyer). Dans cette optique Flo est parti plus haut du Morgon et le temps que je remonte à Dormillouse, il me passe déjà par dessus.
La suite de la crête se fait entre 2 800 et 3 200 m sans trop de difficulté mais nous décidons de faire demi-tour à l’Aiguillette car tout le sud de la zone est bien à l’ombre avec des nuages qui peuvent facilement développer (le vol de la veille à St Vincent les Forts à été raccourcis pour cause d’une enclume dans le secteur). C’est d’ailleurs là que l’on rencontre les deux seules autres voiles que l’on a aperçus du vol.
Photo de la crête le lendemain, il manque des nuages.
Comme à chaque fois sur la crête de Dormillouse, je fais la remontée vers le nord bien plus bas que l’aller (environ 2 500 m), va falloir que je fasse gaffe à ça. Le temps que je refasse un plein au dessus du fort avant de repartir vers le Morgon, je cherche la voile de Flo dans le ciel (très facile une voile bleue dans le ciel bleu…). Au bout d’un moment que je n’arrive pas à le trouver, je me demande s’il ne peut pas être au dessus. Effectivement il doit bien être 500 m au dessus de moi tranquillement à pouvoir transiter directement au dessus du lac.
J’ai un thermique de retard sur lui sur le raccrochage au Morgon et sur le plein avant de viser les Aiguilles de Chabrière mais surtout je perds du temps sous le cum énorme. Il est en place depuis le début de l’après-midi mais j'arrive à ne rien trouver pendant 10 min…
Le lac depuis le Morgon
Ça remonte enfin jusqu’à 3 400 m mais je sais que je risque de buter sur la brise qui vient de Gap donc le but maintenant va être de se vacher le plus proche possible de l’atéro.
La transition est longue, les espoirs de raccrochage pas très élevés et sur la fin ça descend vraiment bien. Pendant que Flo a repris aux Aiguilles de Chabrières, je longe tranquillement le relief en commençant à regarder les champs dans la vallée qui permettent de poser.
La traversée retour étant réalisée, le mode atéro qui commence à être en tête, je prends un des thermiques les plus agréables du vol. Il me permet de ressortir aux Aiguilles et de me positionner au dessus de la crête que l’on pu chevaucher au début du vol.
Je commence à envisager des nouveaux cheminements pour la suite du vol quand je me rends compte que je commence à être fatigué après les quelques heures en l’air dans des conditions assez mouvementées. Peu de temps après une bonne demi-aile sur la courge achève ma motivation. J’avais envisagé de poser à la voiture en haut mais en passant au dessus, au vu de la fatigue, du mental, de la brise et des champs possibles, j’annonce à Flo que je finirais en bas.
Je commence à aller en vallée mais avec quasi 2 000 m de gaz et pas de motivation à faire des exos, je me dis que je vais juste faire une pointe vers Gap pour perdre l’altitude. Ce tout droit me permet bien sur de passer de 2 600 à 3 250 m au lieux de perdre de l’altitude…
Bon vu les conditions ont va continuer tout droit avant de faire demi-tour, je profite de la vue sans prise de tête.
Gap un peu plus loin
Vers 2 300 demi-tour, je profite de la vue sur le Morgon, la crête de Dormillouse, commence à faire la liste de course à faire pour le soir sans faire trop attention à mon altitude avec la brise venant de Gap de dos pour rentrer tranquillement à l’atéro.
L'atéro tout proche
A un moment je m’interroge sur mon altitude et après vérification j’ai fait du -3 m/s depuis quasi 5 min. Ok on se remet en mode vol parce que là je ne rentre plus. J’essaye de me remettre vers les reliefs, enrouler tout les petits truc qui passe mais rien n’y fait ça ne rentre pas.
Je pose dans un champ à proximité de la route à un peu moins de 2 km de l’atéro.
J’annonce à Flo que je suis posé en bas et qu’il a encore le temps de se balader le temps que je marche jusqu’à l’atéro. Il me signale qui a traversé vers le Mont Colombis et qu’il pourrait presque retourner vers St Vincent en direct. Au final il repasse vers le déco et pose à proximité de la voiture.
Vue de Flo quand je lui annonce que je suis posé
Beau vol à deux, en croisant quasi personne, où l’on a bien fait de se faire confiance sur le déco et le plan de vol. Des belles transitions au dessus du lac mais bien senti la différence avec la fusion de Flo. Les thermiques étaient bien costaud et pas simple à prendre.
Trace avec nos deux vols