Un premier SIV enneigé
Jeudi fin d’après midi, Kévin vient me récupérer pour aller faire quelques courses avant de partir pour Annecy où on a 3 jours de SIV avec David Eyraud. Ce sera le premier pour tous les deux. Les campings étant encore fermés à cette période de l'année, on a réservé un Airbnb à Montmin. Vu le programme (début à 7h30) et la météo annoncée (bien froid), on a préféré y aller la veille et on se dit que c'est peut être pas plus mal d'avoir un logement tout confort !
Vendredi le réveil est très frais, il a gelé dans la nuit et on doit gratter la voiture avant de partir. Ça annonce déjà la couleur pour ces 3 jours.
Ce petit contretemps nous fait arriver tout pile à l'heure, David nous attend de pied ferme sur le parking alors que tout le reste du groupe est déjà en train de remplir les fiches de renseignements. La journée de stage commence par le traditionnel tour de table. Tout le monde se présente et parle des objectifs qu'il a sur ce stage. Le groupe semble assez homogène : premier SIV pour la majorité d'entre nous sauf un pilote qui fait de l'accro. Kévin a déjà bien travaillé la théorie, le gonflage et les 360 en solo et espère pouvoir aller jusqu'aux wing-over pendant ce stage. De mon côté j'ai un peu moins travaillé donc j'espère au moins pousser les 360 pour corriger ce que je fais mal et pour la suite on verra. On enchaîne le reste de la matinée sur de la théorie. Le cours est hyper fluide et même si on a poncé le site de David avant de venir ça fait beaucoup d'informations à ingurgiter ! On aborde tous les éléments de base qui nous serviront pour les 360 et pour la suite : ressource, inclinaison, contre, compensation, abattée, etc…
Arrive le moment où l’on doit se préparer pour le premier vol. Tous les secours sont vérifiés et quelques surprises sont découvertes. Puis chacun récupère son petit kit de survie : gilet de sauvetage, radio, oreillette, flotteur de POD de secours et surtout le gant MAPPA. Ce gant a même droit à sa petite vidéo tuto personnelle. Il sert à emballer la radio pour la rendre étanche. Très pratique et très esthétique sur les décos, c’est l’équipement qu'il vous faut ! Mais autant dire qu'avec un lac annoncé entre 10 et 12°C, on espère que tout ça ne servira pas…
Pour le premier vol, on part tous sur des 360 plus ou moins guidés. Kévin et moi avons le droit de montrer ce qu'on a bossé avant de venir. Il finit par passer le face planète à droite dès ce premier vol ! De mon côté j'ai plus de mal à me mettre dedans et essaie d'assurer des gestes propres en corrigeant quelques trucs grâce à la théorie du matin. Je passe à peine les 45° et j'ai déjà l'impression d'envoyer beaucoup plus que ce que je faisais seul (je devais juste enrouler le thermique…).
Après un court débrief à l’atterissage on part pour un second vol avec pour objectif de valider le face planète à gauche pour tous les deux (donc second côté pour Kévin). Cette fois je suis clairement déterminé à envoyer un peu plus et j’ai le droit à mon “ça y est, tu es face planète”. Ça fait trop d’informations et de nouvelles sensations pour que je comprenne vraiment ce qu’il se passe mais je suis content !
On finit la journée par un long débrief pendant lequel on visionne les vols de tout le monde. On essaie d’analyser ce qui est bien exécuté et ce qui l’est moins. Pour nous deux ce sont essentiellement les compensations qui sont encore approximatives, souvent trop tôt ou trop fortes. En tous cas c’est très intéressant de se voir de l’extérieur et de pouvoir mettre des images sur les sensations que l’on ressent pendant les vols.
Le réveil du samedi est toujours aussi frais. On a même pris soin de garer la voiture sur la route principale au cas où il neige dans la nuit mais finalement c’est sec. On part un peu plus tôt de l'appartement histoire de ne pas se faire remarquer un deuxième jour de suite. C’est raté ! Même si on arrive cinq minutes en avance, on est encore les derniers et tout le monde nous attend sur le parking. De toute façon, la météo est compliquée aujourd’hui. Les prévisions annonçaient un créneau exploitable le matin mais le vent est déjà limite avec des rafales à près de 30km/h à l’attéro. David hésite, sa limite acceptable est à 25 km/h et il sent que le niveau du groupe ne permettra peut être pas de faire voler tout le monde. Le groupe hésite aussi. On vote finalement pour ne pas tenter de voler (une grosse partie de la journée était facturée même si on n’arrivait pas à faire de vol) et on fait simplement une matinée de théorie pour préparer les vols du lendemain. On aborde principalement les incidents de vol : fermeture asymétrique, fermeture frontale, auto-rotation, etc.. Ce sont encore beaucoup d’informations alors que certains n’ont pas encore digéré celles de la veille !
Avec Kévin, on profite de l'après-midi de libre pour voir s’il est possible d’aller faire du gonflage sur l’atterrissage de Doussard. C’est un peu rafaleux mais tout de même exploitable et il y a du monde sur place. Les conditions de vol n’ont pas l’air si mauvaises et on aperçoit de nombreuses ailes décoller de la Forclaz (essentiellement des biplaceurs). On apprendra même le lendemain que d’autres écoles ont réussi à placer trois vols de SIV dans la journée. Tant pis pour nous !
Le soir, Grégoire, le propriétaire de notre Airbnb, nous invite à boire un coup. On est les premiers parapentistes dans son logement et en étant lui-même un, on a droit à pas mal d'anecdotes sur le coin. Une chouette rencontre !
Dimanche, dernier jour, on se lève encore plus tôt pour avoir le temps de ranger nos affaires et faire un brin de ménage. Le créneau météo espéré est là et on ne veut pas rater la dernière chance de placer quelques vols pendant ce SIV. On commence tout de même par prévoir les exercices de chacun. Avec Kévin on était intéressés pour aborder les wing-over ou le décrochage avec marche-arrière mais David estime qu’une journée n’est pas suffisante pour ça. Ce sera donc un programme plus tranquille aujourd’hui.
Le troisième vol commence par des fermetures frontales. Nos ailes se comportent plutôt bien et l’exercice nous permet de nous familiariser un peu avec ces sensations. Pour moi c’est aussi l’occasion de mieux comprendre ce que j’ai ressenti lors de la première fermeture frontale que j’ai prise involontairement un mois avant.
On enchaine ensuite avec des fermetures asymétriques non maintenues puis maintenues pour apprendre à contrer correctement et ce qui nous permettra de faire des auto-rotation ensuite. Ce vol se termine par des décrochages asymétriques utiles au décravatage.
Après un rapide débrief à l’attero on repart directement pour un second vol. C’est le moment de “débrancher le cerveau et de se jeter lamentablement du côté fermé” pour partir en auto-rotation. Une fois totalement rentré en auto-rotation les G sont moins élevés qu’en 360 mais la manœuvre n’est quand même pas douce ! On finit le vol par quelques décrochages asymétriques mais cette fois pour faire des manœuvres d’évitement.
Les conditions pour le troisième vol semblent se compliquer. On monte tout de même au déco pour tenter le coup. On voit des averses approcher et des risées apparaissent sur le lac, la brise se renforce. On n’est que trois à y croire et à déplier nos ailes. Les deux premiers réussissent à décoller mais la neige arrive et je dois replier en vitesse. Fin des décos pour aujourd’hui !
La journée se termine en visionnant les vols de chacun puis on a encore un peu de théorie. On rend le matériel et c’est déjà l’heure fatidique où il faut payer !
Après avoir visionné des dizaines de vidéos de David Eyraud, on a enfin pu mettre un visage sur sa voix et ce SIV était ultra formateur ! Même si l’on a réussi à faire “que” quatre vols pendant ce stage, ils nous ont permis d’aborder pas mal d’aspects techniques avec toute la théorie associée. C’était assez dense et si l’on peut donner un conseil à de futures stagiaires c’est de regarder un peu la théorie avant d’aller au SIV, ça permet toujours d’avoir moins d’informations à gérer d’un coup et d’avoir plus de cerveau disponible aux exercices. En tous cas, on repart avec de quoi travailler en l’air !
PS : Si certains cherchent un Airbnb autour d'Annecy, le notre était hyper fonctionnel (seul point négatif sur le couchage), pas très cher et les proprios sont des parapentistes super sympa ! J'ai le numéro de Grégoire, on peut passer par lui directement.