Retour au Col Rodella
La semaine passée dans les Dolomites l'année passée avait laissé une très bonne impression et nous avions déjà prévu d'y retourner une nouvelle fois. Bien qu'on ait volé plus de jours, les conditions météorologiques n'étaient pas aussi propices au vol de distance que l'année dernière. Retour sur cette semaine des cuisseux.
Les Dolomites, c'est toujours un régal pour les yeux même quand on revient d'une année sur l'autre. Côté paysage, c'est époustouflant et cela change chaque jour avec les conditions météorologiques, rapprochant les sommets ou les éloignant de nos regards. Côté parapente, c'est un melting pot de nationalités et de manière de faire du parapente (allemand, italiens, russes, polonais, français,...).
Cette année, nous n'étions encore une fois pas tout seul à profiter de ce coin des Alpes. Un club, homonyme de Donald, avait élu domicile pour la semaine dans la télécabine, enchaînant les vols par tous les temps. Pour notre part, plus calmement, nous profitions des matinées pour faire des exercices et de l'après midi pour rester un peu plus longtemps en l'air, profitant du paysage.
La dépression au Nord de l'Angleterre nous envoyait beaucoup de vent d'Ouest (contrairement à l'année dernière où le régime météorologique était plutôt Nord). L'anticyclone était passé dans le coin la semaine passée mais il nous avait abandonné à notre arrivée sur place, nous laissant aux mains d'un climat très automnal où les passages nuageux s’enchaînaient chaque jour, apportant parfois de la pluie.
Le jour de notre arrivée nous avons montré aux nouveaux venus les subtilités de l'atterrissage. Et cela partait fort, des voiles se posaient tranquillement quand 2 4x4 ont déboulé sur le terrain d'atterrissage. Des locaux, d'après les plaques d'immatriculation. En repartant, l'un d'eux a allégrement roulé sur une voile (mais pas qu'un peu, du bord de fuite au bord d'attaque). Pendant que le pilote poursuivait le fautif, une voile se posait sur le terrain de golf derrière, rasant une ligne électrique. Bienvenu dans les Dolomites !!!!
Le lendemain et premier jour volable pour nous, nous avons enchaîné les ploufs. La télécabine est tellement pratique que c'est un régal de logistique. Nous avons également vu nos lots de bêtises, comme ce pilote qui, se trouvant trop long, a décidé, à 5 mètres sol, de faire quelques tours de frein. Et ce qui devait arriver, arriva, il décrocha. En effet, il n'a pas dépassé le terrain, mais il a fait un belle chute et par chance n'a rien eu de sérieux. Les secours, on avait déjà donné l'année dernière, on va pas recommencer dès le premier jour.
La seule journée non volable (et encore ça, ça dépend de la définition de chacun) était le lundi. On ne pouvait même pas profiter de notre matériel de randonnée ou de via ferrata. On était sous l'averse. Heureusement, des jeux de sociétés nous ont maintenu actif une bonne partie de la journée.
Enfin, arriva le mardi. D'après les sites de météo, cette journée devait être une des plus sympa de la semaine (dans votre tête, vous devriez entendre JB dire : fufu). Les pilotes affluaient en masse aux décollages, guettant la voile qui tiendrait plus de 5 minutes dans un thermique. Sur place, tout le monde décollait du Sud. Mais en remontant dans une des bennes, nous avions vu que le décollage Ouest était bien orienté. Sans attendre que le décollage Sud passe sous le vent, nous avons donc pris la direction de l'Ouest.
Attendant patiemment que cela s'installe, nous avons vu peu à peu débouler les frustrés du décollage Sud. Le décollage Ouest étant plus petit (mais vraiment plus petit), des fils d'attentes commencèrent à se former pour accéder à l'espace aérien. JB, Nicolas, Lionel et Vincent purent se mettre en l'air et commencèrent à prendre le large. Les personnes restantes restèrent sur le décollage attendant que cela se désengorge.
Les para-waiter restant furent témoin d'un vrai festival de décollages ratés et de pression exercée par les suivants (entraînant plus de décollage raté et donc de pression pour qu'ils décollent, un superbe exemple de cercle vicieux). D'abord un peu de contexte : le décollage Ouest se trouve sur une petite crête et sur une pente très herbeuse et qui glisse. Le régime de vent était Ouest et le thermique de la combe renforce un peu tout ça. Comme il s'agit d'une crête, il y a un effet venturi qui accèlere le vent. On se retrouve alors avec un bon petit vent entre 15km/h et 20km/h.
Sachant tout ça, voici un petit florilège de moments qui donnent froid dans le dos :
- Il y a eu la personne qui gonfle plusieurs fois sur le côté, emmêle son parapente dans la flammèche puis retente en embarquant les suspentes de son voisin alors qu'il est à quelques mètres sol (il arrivera à les retirer avant qu'elles ne se tendent trop et embarquent l'autre pilote ou qu'il se passe autre chose) ;
- Cette personne qui ne décolle qu'en dos voile alors que ça souffle bien et qui du coup se fait emporter en arrière sur les pilotes qui attendent ou sont en train de faire leur pré-vol ;
- Ce pilote français qui, exaspéré par l'attente, demande à passer parce qu'il faut laisser décoller les "experts" qui savent décoller par vent fort (heureusement que tout le monde ne comprend pas le français sinon, ça met bien la pression) ;
- Ces groupes qui privatisent temporairement un emplacement du décollage pour faire décoller les novices comme les expérimentés en criant « Suivant » même si le précédent s'est foiré (comme à l'usine).
Bref, nous, on a préféré rentrer pour aller gonfler au calme, d'autant plus que JB venait de nous annoncer à la radio qu'il s'était vaché parce que c'était pas si fufu que ça finalement et qu'il n'avait pas réussi à monter assez haut pour sa transition. Mais avant de remonter à la benne, on a fait décoller Alexis ! Et c'est là que c'est drôle. Pendant que les sketchs continuaient sur le décollage, Alexis a marché un peu pour se mettre à l'écart. Il a fait sa pré-vol et au moment de décoller se rend compte qu'il n'y a pas assez vent pour faire un face voile. Comme il n'est pas sur la crête mais dans une pente à côté, l'effet venturi ne joue plus. Il décollera donc dos voile pendant que quelques mètres plus loin, les gens se font arracher du sol en face voile.
Pendant la remontée à la station d'altitude du télécabine, nous avons eu l'occasion de participer à une interview et à croiser d'autres pilotes en train de rejoindre le décollage. Nous retrouverons certains de ces pilotes vachés 500m derrière l'atterrissage parce qu'ils n'auront pas anticipé la brise en vallée qui forcissait.
Une fois en bas, j'avoue m'être trompé d'itinéraire pour rejoindre l'atterrissage de Canasei, où nous souhaitions gonfler. Mais fort heureusement, nous passions à côté de la tyrolienne de Canasei. Tyrolienne qui deviendra le fil rouge de notre séjour ici tellement on s'est marré comme des gamins à faire les imbéciles. On finira finalement par arriver au lieu de gonflage où nous nous sommes fait plaisir également (et ce ne fut pas un mal pour certains, moi le premier, que de gonfler un peu).
Le mercredi commença assez mal puisque après quelques ploufs, la pluie est venue à notre rencontre. Nous étions alors indécis sur ce que nous voulions faire. Il y avait toutefois des « téméraires » (ou appelez les comme vous voulez) qui bravèrent la pluie pour décoller. Finalement, ce fut un sacré hold-up parce que les nuages se calmèrent et le soleil refit son apparition. et nos ailes reprirent l'air quelques dizaines de minutes plus tard.
La seconde journée qui devait être bonne cette semaine là fut le jeudi. Et ce fut effectivement la meilleure journée de la semaine. Après nos habituels ploufs du matin, notamment avec les autres Français du coin, nous sommes remontés nous confronter à la foule des jours de cross. Mais cette fois-ci tout le monde était dans l'expectative. Une grappe de pilotes arrivait à tenir et à monter petit à petit et les plus audacieux pour partir explorer d'autres thermiques étaient aussitôt sanctionnés par une perte d'altitude conséquente.
Mais au loin, une Maestro verte avait transité. Tous les regards étaient tournés vers cet éclaireur du ciel qui avait réussi. Allait-il arriver à se refaire ou non ? Intérieurement, on se disait tous :
« Celui là, il est à nous ! Bravo Nico continue comme ça ! »
Bon, il ne tenait pas encore très bien et dû aller se poser mais il avait tout de même fait un petit tour sympathique et le premier à aller aussi loin cette journée. Nous nous mîmes alors en quête d'un emplacement pour étaler nos voiles.
Une fois en l'air, la masse des parapentistes s'était étalée et cela commençait à le faire un peu partout. Mais rien de comparable à l'année dernière. C'était compliqué, cyclique et les distances de chacun furent réduites à peau de chagrin. Les plus courageux tentèrent la Marmolada mais un venturi en vallée eu raison de la plus grande partie d'entre eux. Spécial dédicace à notre cher président qui, fait rarissime, dû vacher alors qu'il essayait de rentrer (c'est le métier qui rentre !).
Le vendredi, le festival local de parapente avait ouvert. Nous alternions donc entre la visite des stands et les petits vols. En effet, la couverture nuageuse était encore bien présente et le vent était annoncé plus fort l'après midi. Aussi, nous avons principalement volé le matin avant d'aller nous faire arracher pendant des séances de gonflage l'après midi. Suite à quoi, nous avons passé beaucoup de temps sur la tyrolienne à faire quelques vidéos.
Enfin arriva le jour du grand départ, la météo était maussade, aussi ce fut sans regret que nous primes la route du retour. Après un petit arrêt au lac de Carezza (magnifique, au passage), nous avons continué notre chemin, non sans perdre une des voitures qui s'est trompée de direction et à donc eu le droit à un aller-retour payant sur l'autoroute d'environ 50km.
Bien que la météo fut moins favorable au vol de distance cette année, nous avons quasiment volé tous les jours. A défaut de nous perfectionner au vol thermique et au vachage (même si certains sont déjà des experts), nous avons pu envoyer un peu d'exercices. Et puis peut être qu'on reviendra une nouvelle fois dans ce coin !
Et voici la tant attendue vidéo des Dolomites. Merci à Alexis pour les images et le montage !