Petit tour dans le Sud

Petit tour dans le Sud

Sur une excellente idée de JB, nous avons mis le cap au Sud pendant ce WE de l'Ascension en remontant petit à petit vers Grenoble au fil des jours. Un anticyclone s'installant sur l'Europe nous a ouvert les chemins de cross tant attendus en cette saison jusque là maussade. Et c'est donc à 3, JB, Antoine et moi-même, que nous avons battu le thermique, vachant dans des endroits improbables et bivouaquant à l'improviste dans la nature.

Ce WE de 4 jours s'annonçait fumant, surtout dans le Sud pour les deux premiers jours. Ni une, ni deux, JB improvise un trip vers Saint-Vincent-les-Forts. Autant dire qu'avec le Nord, le choix était pertinent. Et puis, ça nous change de Saint Hilaire. Après quelques courses rapides, nous voilà parti pour des sommets et des parcours inconnus, vierges de toutes traces CFD de l'Aile et la Cuisse (ou presque).

Jour 1 :  Saint-Vincent-les-Forts

Direction Saint-Vincent-les-Forts, un site qui se met en place assez tardivement, pratique quand on arrive de Grenoble après 3h de route. Mais nous n'étions pas les seuls à avoir eu cette idée, surtout un jour férié. Une palanquée de parapentistes, des locaux comme des étrangers, sont sur place pour concourir à sortir du bocal et à aller se balader sur les reliefs aux alentours.

La fil d'attente se forme lorsque le premier parapentiste arrive à sortir du bocal. Patiemment, nous décollons et profitons des cycles (ou pas) pour nous extraire et aller nous balader sur les hauteurs du lac.

Antoine s'extrait relativement facilement et est le premier à rejoindre Dormillouse puis les crêtes au Sud de ce sommet. JB, après une première extraction, se fait plomber et doit attendre un nouveau cycle pour s'extraire. D'ailleurs, lors de ma deuxième tentative d'extraction, il sort devant moi dans un thermique que je ne trouverai jamais et qui m'obligera à retourner sur Saint-Vincent-les-Forts pour attendre un nouveau cycle (qui viendra 45 minutes plus tard...).

« Antoine, t'en es où ? » demande JB.

« Je suis parti sur les crêtes au Sud » répond Antoine.

« Ah oui, je te vois, c'est toi qui revient. J'arrive ! »

Moment de silence.

« Et toi Rémi, t'en es où ? » demande JB.

Intérieurement, je fulmine. Je snobe les deux autres qui sont en train de se balader tranquillement pendant que je me bats avec les thermiques et les autres parapentistes pour grappiller quelques mètres en attendant le cycle suivant. Vraiment, je déteste ce site... Qu'est ce que je fous là !! J'abandonne et je pose ou je me fait une dernière tentative ? Ça fait 30 minutes que j'attends ce troisième cycle, c'est pas pour aller poser tout de suite !

Je vais tenter une autre approche. Je vais aller faire du dynamique contre la crête au Sud du décollage, ça avait donné un peu tout à l'heure et y a moins de monde. Et après, je bifurque sur l'ancienne position de JB voir si le thermique est revenu. Miracle ! Il y a un truc, mais ce n'est pas un thermique. Je monte en dynamique sur la forêt ! Du coup, j'abandonne mes cercles pour monter en zig-zag. Il m'aura fallut au total 1h30 pour m'extraire après 3 tentatives...

A la radio, j'entends mes deux compères dans le Sud, un Sud qui n'était pas si fameux que ça et assez austère. Antoine décide d'aller vers le Pic du Morgon pendant que JB revient du Sud. J'arrive à Dormillouse et je transite à mon tour sur le Pic de Morgon. Au moins, ça me fait un repos depuis mon extraction. J'en profite pour boire et manger un morceau, reposer mes bras et apprécier le paysage, la vue sur le lac est démentielle !

Le 3200m au dessus du Pic de Morgon est une bouffée d'oxygène dans ce vol à ras les arbres. Pendant que je profite de mon altitude, Antoine se pose sans problème. Content de ma hauteur, effrayé par les planeurs qui me tournent autour tel des rapaces et fatigué, je me décide à rentrer pour poser. JB arrive seulement sur ma position, je le laisse seul avec les thermiques.

Finalement, j'ai beaucoup de gaz et je me décide à faire quelques exercices de 360° au dessus du décollage. Mauvaise idée, une tempo tardive (et la frontale qui va avec) me rappelle à l'ordre :

« Tu es trop crevé pour faire un truc bien et en sécurité. Arrête tes conneries et va te poser sagement ! » m'ordonne ma voile (en tout cas, c'est mon interprétation) !

« Chef ! Oui, chef ! » me dis-je, effrayé par tant d'autorité.

La trace du vol de JB ce jour là.


Jour 2 - Montclar

Après une nuit proche de Saint-Vincent-les-Forts, nous décidons de tester le décollage de Monclar. Mais pas fainéant pour un sou, décision est prise de l'atteindre par le GR plutôt que de prendre les remontées mécanique, squattaient par les VTTistes. C'est donc parti pour 600m de randonnée dans la foret (~1h15 de marche) en évitant les VTTs de descente qui dévalent les chemins à pleine balle.

La vue au décollage est magnifique. Il y a beaucoup plus de place et surtout moins de monde qu'hier. Mais en même temps, ce n'est pas un jour férié ce vendredi, ça joue peut être. Nous mangeons un morceau en attendant que les conditions se mettent en place. Deux, trois fusibles testent la masse d'air mais rien de probant, ils descendent irrémédiablement. Ce n'est pas encore l'heure. Passé un moment, il faut nous résoudre à ce que l'un d'entre nous fasses le fusible.

« Je peux plus attendre ! » lance alors JB. C'est bon, on a désigné notre fusible on dirait (enfin, il s'est désigné tout seul).

Décollage de Monclar avec le fusible quasiment prêt

Après son décollage, JB se met à chercher comment monter mais descend petit à petit. Malgré tout, il parvient à prendre quelque chose qui le remonte jusqu'à Dormillouse. C'est parti, pour les para-waiter, Antoine et moi : en selle...ette !

La remontée sur Dormillouse se fait avec plus de facilité que la veille. Puis, nous prenons un cap au Sud. On tente de se rapprocher de Saint-André-les-Alpes et voir, pourquoi pas, d'en revenir. Bien que tous en l'air, quelques minutes nous séparent les uns des autres : JB en tête sur les avant reliefs, sous les nuages, moi en second qui suit sur les crêtes plus hautes et enfin Antoine qui navigue vers le Sud en dernier. Les nuages portent bien, nous n'avons pas de difficultés à rejoindre la Montagne de l'Ubac.

« Les gars, je suis chaud, je vais en direction du Cheval Blanc ! » annonce JB en radio. « Je vous dit comment c'est sur la crête juste après. »

Justement, juste après, l'Ouest arrive et oblige JB a vacher dans une vallée à l'écart de la route principale. Moi et Antoine prenons nos voiles à nos cous et faisons marche arrière mais la masse d'air est devenue plus dégueulasse avec cet Ouest. C'est peut-être pour ça qu'un local en biplace a fait demi tour un peu plus tôt alors qu'il voulait faire la même chose que nous.

« Antoine ! Je fais demi-tour, je crois qu'on est dans la confluence. »

« Pas sur qu'on arrive à rentrer ! », désespère Antoine.

« T'inquiètes, je ne fais que monter, ça va le faire. »

J'ai parlé un peu vite on dirait. Je plombe un peu sur le retour et ça porte moins. Il nous faudra malgré tout reprendre du gain sur les 3 petits monts (et plus précisément sur la Tourtourel puis sur le Serre un peu plus au Nord). Mais un fois sur la crête, malgré une masse d'air pas agréable, on arrive à rejoindre Dormillouse. On finira par rejoindre le Pic de Morgon avant de nous diriger vers l'atterrissage de Monclar, enfin seulement moi...

J'avais eu l'occasion de venir 2 ans plus tôt sur le site et Ju m'avait expliqué qu'il y a une confluence sur l'atterrissage qui change pendant la journée suivant si la brise du lac prend le dessus sur la brise du Sud. Avec cela en tête, j'essaye donc de poser. Mais la manche à air n’arrête pas de changer de sens, Nord, Sud, Nord, Sud, c'est perturbant.

Finalement, je vois un biplace commercial poser face au Nord. Parfait, je vais faire la même. Sauf qu'à quelques mètres du sol, je me prend un bulle qui me remonte de 5 mètres puis la manche à air change de sens. Oups... la voile descend rapidement vers le sol. J'impacte assez lourdement sur les pieds avant d'entamer une roulade avant qui se soldera par un plantage du casque dans le sol. Rien de grave au final mais je vais surveiller ma nuque quelques heures au cas où.

Le biplaceur prend de mes nouvelles et m'explique que je n'ai pas eu de chance, que cela s'est inversé pendant ma phase finale. Il m'explique également (chose que je ne savais pas) que lorsqu'il y a de l'Ouest comme c'est le cas aujourd'hui, la confluence est permanente et les deux brises se prennent le dessus l'une sur l'autre, de manière inattendu. Bon à savoir pour la prochaine fois !

« Bon Antoine, c'est dégueulasse sur l'attéro de Monclar, va te poser à Saint-Vincent-les-Forts, je viens te récupérer en voiture... »

Faut que je pense à récupérer JB aussi tiens. Je regarde le GPS. Oula, 50 minutes pour aller le récupérer là où il a vaché...

« Allo JB, t'en es où ? T'as pu avancer un peu ? »

« Ouais, je suis à 20 minutes de Montclar en voiture avec un autre parapentiste qui s'est fait avoir comme moi et a vaché un peu plus loin ». Ledit parapentiste volait en Peak 4 (une voile EN-D). Pas de regret de ne pas avoir atteint Saint-André-les-Alpes. Bon, le temps qu'Antoine plie, je vais chercher JB (et son nouveau copain), on gagnera du temps.

La trace du vol d'Antoine ce jour là.


Jour 3 - Serpaton

Nous avions fait la route la veille jusqu'à Clelles, donc le troisième jour, nous étions déjà quasiment au Serpaton.  Après un bivouac entre Clelles et Mens, nous nous sommes offert un petit déjeuner à Clelles. Quelques courses plus tard et nous voilà parti pour 600m de randonnée pour monter au décollage.

Le Duck parapente (anciennement le Guc) est déjà sur le décollage avec un Gerald qui leur explique tout (on les avait croisé initialement à l'attéro mais ils avaient fait bande à part pour monter). Leur objectif est de rejoindre Courtet en passant par les avants reliefs (donc directement par le Sud du Serpaton). Notre objectif, un peu plus ambitieux, faire le tour du Trièves en remontant par les Deux Sœurs, donc au Nord du Serpaton puis aller en direction de Courtet et pourquoi pas continuer plus loin.

On engloutit le repas du midi à 11h et on se prépare pendant que le Duck envoi les premiers fusibles, heu..., pilotes en l'air. Nous voilà donc dans la masse d'air avec ce club. Mais comme nous n'allons pas dans le même sens, nos chemins se séparent rapidement. Enfin, pour Antoine et moi... Un cycle arrive, et avec lui la formation d'un cumulus appétissant qui nous amène à 2300m et nous permet de faire la première transition vers la Crête de la Ferrière. JB, arrivant tardivement, s'acharne à monter sous le cumulus qui se décompose inexorablement. Finalement, il abandonnera cette transition pour partir vers le Sud, suivant de loin le Duck.

« Antoine, c'est compliqué sur le Ferrière, j'arrive pas centrer le thermique, je transite sur les Deux Sœurs. » dis-je après avoir passé pas mal de temps à trouver un petit truc qui monte mais qui est ténu.

« Ok, je te suis ! » me répond-il.

A 2050m, ça le fait pour passer sur les crêtes du Vercors. Puis une fois sur la crête, c'est l'autoroute jusqu'au Grand Veymont. On rejoint la masse des parapentistes qui sont partis du Col Vert et qui nous doublent allégrement avec leur EN-C ou EN-D.

Au loin, JB nous annonce qu'il passe les transitions les unes après les autres, c'est fumant sur ces avant reliefs. Antoine vole un peu plus bas que moi mais avance malgré tout. Nous alternons avec des coups d'accélérateurs, on se fait contrer par un truc venant du Sud.

Puis au Grand Veymont, quasiment plus rien. Antoine se fait enterrer et est contraint de se vacher dessous. Pour ma part, je trouve un petit truc qui me maintient et me permet de rejoindre le super thermique du Petit Veymont qui me propulsera à 2750m. Je n'ai même plus à me soucier des 300m au dessus des Hauts Plateaux du Vercors, je passe au dessus du Mont Aiguille largeeeeeee.

Je rejoins les avant reliefs où se trouvait JB. Mais entre temps, il a transité sur le Jocou. Par manque de bol (oui, faut le dire, c'était un gros manque de bol), le thermique que le Duck a pris a disparu et réapparaîtra pour moi. Mais entre temps, JB a vaché à Lalley. Fini pour lui également.

Le thermique du Jocou me propulse à 2500m, ce qui me permet de transiter quasiment directement sur le Menil où l'on m'a raconté que le thermique là bas est fumant. Et en effet, je confirme, c'est fumant, parce que je remonte à 2600m dans du 4 à 5 m/s. Ce gain me donne de quoi transiter sur un coin un peu plus connu de ma personne : Courtet.

Le Duck est arrivé à destination et a posé mais je continue sur le Chatel où m'attend un mastodonte de cumulus m'amenant à 2900m. Au loin, je vois une voile qui transite du Chatel au Senépy. Je tente ? Je tente pas ? Je vais me poser à Courtet ? Je suis gourmand et je continue ? Bien sur que je continue, les copains sont à la voiture et peuvent venir me chercher où je veux. Au loin, la voile sur le Senépy se refait timidement et un gros nuage semble super pour aller là bas. Avec un peu de chance, je pose sur l'atterrissage du Serpaton ! C'est parti !

« Rémi, t'es mon héros ! » me lance JB à la radio pendant que je transite. A noter que la transition est particulièrement longue... 15 minutes.

Je monte à 2500m à l'Est du sommet du Senépy. Au dessus de moi, l'autre parapentiste est à 2600/2700m. Je tente de le rejoindre, je trouve que 2500m, c'est parfait pour passer le lac du Monteynard mais pas la crête juste après. Mais je n'y arrive pas et me résout à tenter la transition vers l'Ouest en passant à 2100m au dessus du sommet. On croise les doigts et on verra bien.

Je passe le lac, un peu tendu de trouver une forte brise mais ça passe. Je me retrouve finalement à 50m sous la crête. Arf... Bon, on va essayer de remonter en dynamique sur cette crête. Mais en fait, c'est infernal, je ne comprends rien et finalement j’abandonne et commence à descendre. De beaux champs s'étendent à mes pieds mais je n'atteindrai jamais celui que je ciblais, un beau venturi m'en empêche. Il m'en empêche tellement que je suis obligé de pousser le barreau pour rejoindre une autre vache (pas bien le barreau à 10/20m sol mais je finissais dans un arbre autrement).

Je plie et j'appelle les copains qui viendront me récupérer 20 minutes plus tard. Magnifique vol ! Je ne m'attendais pas à ça ce matin. J'ai eu beaucoup de chance et des conditions idéales. On finira la journée au bord du lac puis par un bivouac/feu/chants sous le Col Vert parce que demain, ça le fait encore !

Ma trace du vol ce jour là, la plus belle de ces 4 jours, il faut l'avouer :D


Jour 4 - Col Vert

Réveil dès potron-minet, avec le soleil qui tape très vite. Après un pliage en règle et un petit déjeuner, on quitte la voiture en se demandant comment on va faire pour la récupérer ce soir quand on aura fait le tour du Trièves et qu'on aura atterri au stade du Gua en fin d'après-midi. Mais cela sera un problème pour nos futurs nous, on s'en tape à l'heure qu'il est.

Bivouac sous le Col Vert

Une fois n'est pas coutume, on part randonnée en direction du Col Vert et à ne pas arriver trop tôt sur place (mais pas trop tard non plus). Une camionnette s'arrête.

« Vous allez au Col Vert ? Allez-y, montez, je vous dépose au parking. Vous risquez d'être en retard pour les conditions » nous propose un autre parapentiste qui a eu la même idée que nous. On range rapidement notre motivation à randonnée dans le placard...

Après une petite heure de marche et beaucoup d'astuces de la part de notre covoitureur, nous voilà arrivé au Col Vert. Il n'y a pas vraiment de décollage, juste plein d'herbes, des rochers partout et des parapentistes en cours de préparation répartis où ils peuvent. Les premiers fusibles décollent, ça le fait très rapidement. A notre tour.

Après quelques frayeurs dans les cailloux (une personne qui n'est pas de notre groupe a fait un beau roulé-boulé dans la pente en décollant face voile) et quelques difficultés à monter nos voiles proprement, nous voilà en l'air. JB se met en attente en montant au dessus de la crête (facile l'extraction), je lui grille la priorité en continuant bas.

« T'as été gourmand Rémi en partant d'aussi bas sur les crêtes » me diront plus tard JB et Antoine. « T'aurais pu ne jamais sortir. »

Pas faux. En même temps avec l'habitude du Saint Eynard, c'est presque un réflexe maintenant. Mais ce ne sont pas les mêmes crêtes... méfiance est mère de sûreté.

Une fois nous 3 en l'air, nous nous dirigeons vers le Grand Veymont, en évitant les nuages (ou en rentrant dedans et en faisant les oreilles pour en sortir). Le plafond est bas par rapport à hier. En même temps, on passe plus tôt qu'hier au même endroit...

« Bon les gars, je vous abandonne au Grand Veymont, je fais demi tour. Je vais voir en direction du Moucherotte. Il y a un énorme thermique sur le Petit Veymont. Bon courage ! »

Je fais demi tour, le vol d'hier était suffisant et je me sens un peu moins bien. Peut être que si j'arrive jusqu'au Moucherotte, je réfléchirai à passer sur la Chartreuse.

« Bon vol Rémi. Merci pour le thermique. » me dise les 2 autres en radio.

Survol de JB du Mont Aiguille

Sur le retour (ou l'aller vers le Moucherotte, c'est selon), j'entends la discussion entre Antoine et JB. Je vous retranscrit ce que j'ai entendu (en simplifiant et en romançant un peu).

« Antoine, le thermique du Petit Veymont est fumant, je suis à 2800m. »

« J'arrive, je prends du gain pour ne pas faire la même erreur qu'hier quand j'ai voulu rejoindre le Grand Veymont. »

« D'accord, je continue. Je trouve les avants reliefs très peu accueillant, avec peu de nuages. Pour ma part, je vais essayer d'aller vers le Sud par les crêtes Est du Vercors. »

« D'accord JB, je te suis dès que je suis assez haut. »

« Bon finalement, la crête Est ne m'inspire pas trop, je vais rejoindre les avant reliefs. »

« Bon Jess, je vais pas aller au Saint Eynard finalement, je rentre me poser »

Ah tiens, une digression dans ma radio ! Philippe est en l'air à Saint Hilaire avec une partie du club.

« Scroutch, trop de monde, scroutch, scroutch, posé » répond Jess. J'ai rien entendu mais je crois avoir compris le principal.

Mais revenons au récit initial. Je suis où moi déjà ? Ah tiens, le décollage est en dessous et le Moucherotte me parait tellement loin. J'ai la flemme je crois. Et puis j'ai pas envie de rentrer à minuit pour une histoire de voiture...

« Je ne trouve rien sur la crête Est, j'aurais dû te suivre JB. » annonce Antoine.

« Je suis en train de me faire plomber sur les avant reliefs, j'aurais dû rester sur la crête Est, Antoine. » annonce à son tour JB.

Résultat, deux vachage en règle vers Chichilianne (dont celui d'Antoine qui, à ce qu'il parait, a été rock & roll). Et cela me conforte dans l'idée que je vais aller vacher et prendre la voiture. Vu les crocs qu'ils doivent avoir, ça va sûrement finir à Courtet cette histoire. Je pose donc dans un champ près de la voiture, je range et je commence à descendre la voiture. D'ici là, j'aurais des nouvelles sur l'endroit où je les récupère.

« Je crois qu'on est parti trop tôt, c'était pas en place sur le Sud. On aurait pas du suivre les guns ou alors faire un aller-retour au Moucherotte avant pour que le plafond monte un peu plus. » analyse JB une fois au sol.

Finalement après 40 minutes de route, je rejoins JB à Clelles (ou il se sera fait un barquette de frite et des merguez à la fête du village [décidément]) et on récupère Antoine à Mens qui aura pris un coup dans un bar du coin. C'est beau la vie des vacheurs :D

« Bon, on s'en remet un à Courtet ? Avec un peu de chance, on peut passer sur le Coiro et finir au stade du Gua ! » lance JB.

« Si vous voulez, je vous fait la rot'. Je me remet pas en l'air. Et puis comme ça, je peux vous suivre en voiture » répondis-je.


Jour 4.2 - Courtet

Arrivé à Courtet, on change de voiture. Un local accepte qu'on remonte avec sa voiture si je fais la rot'. Parfait, ça sera plus facile sur la route défoncée du décollage avec son Duster que la voiture d'Antoine.

« Ca a pas l'air super en place encore » dit Antoine en regardant les fusibles descendre inexorablement sur l'attéro.

« Rhaaa, il faut que je me lance. Ils ont décollé il y a 20 minutes et là, le nuage n'obstrue plus le soleil. Ça doit le faire ! » frétille JB, l'aile prête au décollage depuis 15 minutes.

« Oh, JB, tu veux pas regarder la manche à air à l'attero avec ta jumelle ? Pour voir dans quelle sens elle est » lui demande-t-on, histoire de retarder son envol. Cela nous fait gagner 5 petites minutes. La prochaine fois, on prend les chaînes et on l'accroche au sol...

Finalement, JB ne tient plus en place et estimant que le soleil a suffisamment chauffé le secteur se lance et part s'enterrer sous l'Australie.

« Bon Antoine, je crois qu'il ne pourra pas atteindre l'atterrissage là où il est. » lui dis-je pendant qu'il fini de préparer son aile pensant faire un plouf pour redescendre.

Finalement, JB arrive à trouver un truc qui l'emmène ai niveau de l'Obiou. Pendant que je redescends la voiture, Antoine et JB auront l'occasion de voler un peu, jusqu'à ce qu'un nuage assez menaçant (et quelques gouttes de pluie) ne les oblige à abandonner leur rêve de rejoindre le Coiro (du moins pour aujourd'hui).

En bas, des parapentistes commencent à arriver et monteront au décollage pendant que nous plierons rapidement par peur de l'orage avant de rentrer prendre une bonne douche bien méritée après 4 jours de crasse à faire du bivouac sauvage.

Pas de traces ce jour là, personne n'a fait un truc magnifique :-(

Bilan

On a eu un alignement des étoiles exceptionnel. Ce beau créneau météo a été très bien senti et l'idée de JB d'aller dans le Sud fut remarquable de clairvoyance. La (re)découverte de nouveaux sites et de nouveaux terrains de jeu fut très enrichissante.

Bien que les cross espérés (Saint-André-les-Alpes, le tour du Trièves) ne furent pas au rendez-vous, je pense que nous avons beaucoup appris. On retiendra que (1) les brises dans le Sud, c'est un peu le bordel et qu'un peu plus de préparation ne serait pas un mal; (2) Monclar en Ouest, on évite de poser sur l'atterrissage officiel au risque de se rompre le cou; (3) le Jocou, c'est un peu de la merde, surtout quand on rate le cycle; (4) on ne sait pas super bien analyser les nuages (quand ils se forment ou disparaissent); (5) on s'est vachement amélioré sur le vachage ; (6) finalement, on a décollé trop tôt au Col Vert (promis, on demande au trésorier du club d'acheter des chaînes pour attacher JB sur un décollage).