La recette du Grand Replomb
« Personne pour un petit vol demain dans la journée ? Rando de préférence. » C'est ainsi que JB lança une motivation pour aller voler. L'anticyclone était au beau fixe et laissait présager d'un temps calme et ensoleillé sur une grande partie de nos montagnes. L'occasion parfaite pour un petit vol rando en effet et surtout dans un coin qui me fait de l’œil depuis longtemps, le Grand Replomb.
A défaut de motiver d'autres personnes du club, nous ne serons que 2 ce coup là. En même temps, c'est vendredi, c'est généralement moins attrayant. S'engage alors la discussion pour savoir dans quels cieux nous iront voler :
« T'as quoi en tête pour un vol rando demain ? J'ai beaucoup de jours à poser :P » lui répondis-je.
« Au choix ! J'aimerais bien être rentré pas trop tard, genre 17h à Grenoble. Ce qui laisse littéralement tout de possible. »
« Ah oui, c'est large quand même. »
« Grand Som ? C'est joli ! »
« Ok, c'est bon, c'est posé pour demain. »
« Au top ! Si autre chose te tente, je suis ouvert à tout ! »
« J'y ai pas réfléchi j'avoue :P Si, y a le Grand Replomb qui me fait de l’œil depuis un moment ! »
Et voilà, ainsi était née l'idée d'aller faire du vol rando au Grand Replomb. Après tant de temps à observer ce sommet, j'avais enfin l'opportunité d'aller voir si vraiment il y avait des champs Élyséens étaient aussi vaste et pioupiou compatible pour décoller que ce que les légendes racontaient.
Il restait à régler les problèmes pratico-pratiques, à savoir, comment qu'on monte, où qu'on se gare, combien qu'on marche, où qu'on passe et où qu'on pose.
Les décollages passés depuis Orionde avaient toujours été fait en atterrissant aux Gorges, c'est ce que disent les rares récits glanés dans les tavernes. Mais, de bouche à oreille, les gens posaient de plus en plus vers La Boutière, vallon un peu plus large que celui de la Gorge et avec des champs plus accueillants. En plus, ça nous fait gagner 200m de dénivelé, ce qui n'est pas négligeable quand on sait qu'il y a 1600m de dénivelé.
Restait à régler la question de par où passer pour monter en haut. Il n'y a en effet pas de sentier bien balisé. Un petit tour sur les Internets et nous tombons sur le topo suivant. Ce topo nous laisse la possibilité de nous arrêter à Orionde au cas où et de décoller quand même. Par contre, il passe dans des coins moins fréquentés.
Nous prenons donc la direction de La Boutière, préparés mentalement pour nous taper les 1600m de dénivelé et ne pas rentrer trop tard. En arrivant nous scrutons les potentiels atterrissages et nous jetons notre dévolu sur un champ entre la route et une ligne électrique. Quelques poteaux en métal le parsèment mais il est long et il n'y a pas de câbles.
Le début de la randonnée se passe sur des chemins de débardage ou des sentiers peu fréquentés mais très humides parce que les herbes sont hautes. Mais nous parvenons à avancer sans nous perdre pour finalement atteindre la cabane d'Orionde qui se trouve à mi-chemin de notre destination.
Après une pause bien méritée, nous reprenons notre route en direction du sommet d'Orionde et surtout du passage qui nous permettra de zigzaguer entre les barres rocheuses pour atteindre le Grand Replomb.
En arrivant un peu sous le sommet d'Orionde, nous voyons passer deux parapentistes. Il est encore tôt et ils ne parviennent pas à se maintenir dans les thermiques naissants. Et moi qui pensait qu'on serait tout seul dans ce coin un vendredi...
En continuant et avant d'atteindre les pierriers, nous profitons d'un coin à myrtilles pour faire le plein. En effet, il y a journée club le lendemain et c'est l'occasion idéale pour faire une tarte aux myrtilles ! Une pierre, deux coups !
Notre cheminement continue entre les pierriers, les marques bleues ou oranges, les cairns plus ou moins visibles. Nous passons de l'ombre à la lumière sans cesse. Et une fois la barre rocheuse passée, nous parvenons sur un magnifique replat, 200m sous le sommet final. Un bon coin à bivouac malgré le manque d'eau.
Nous entamons la dernière longueur sur la crête pour arriver finalement à un petit col en herbe à quelques mètres du sommet. Six parapentistes sont en train de s'étaler pour décoller. Ils vont chercher à tenir un peu mais ils comptent poser à Lumbin. Autant dire qu'il ne faut vraiment pas descendre trop bas si ils veulent rentrer. En tout cas, on est pas les seuls à avoir eu l'idée de décoller d'ici... un vendredi...
Après un casse-croûte bien mérité et un regard constant sur les fusibles qui nous précédent, nous nous installons à leur place, dans une herbe bien agréable et sans cailloux. C'est vraiment très pioupiou compatible comme décollage et les champs Élyséens sont suffisamment vastes pour mettre plusieurs pilotes côte à côte.
Prendre un thermique et tenir en l'air, c'est du bonus. Un des fusibles arrive à monter au dessus du décollage, mais c'est bien le seul de la troupe. Moi, avec mon aile encore plus petite, je n'espère pas tenir comme ça, mais qui ne tente rien n'a rien !
Après un premier gonflage raté, je parviens à prendre mon envol. JB, lui, enchaîne les gonflages de travers, donc je pars avant lui. Je cherche à tenir à l'endroit où se trouvaient les fusibles mais je n'ai pas de vario pour savoir ce que ça donne et pas encore une bonne habitude de l'aile, donc je prends rapidement le chemin du retour.
J'enroule difficilement le thermique d'Orionde sur un tour mais ne me fait pas d'illusion et continue en direction de l'atterrissage. Je termine en faisant des 8 au dessus de la ligne électrique du terrain, avant de m'enfoncer un peu plus loin pour faire une belle finale. Le posé se fait sans encombre et JB ne tarde pas à me rejoindre. Finalement, le terrain d'atterrissage n'est pas si bien que ça.
Et comme on ne rentre pas trop tard, nous avons l'occasion de débriefer autour d'une bonne bière bien fraîche ! Et je peux aussi et surtout m'occuper de faire ma tarte aux myrtilles pour le lendemain, histoire qu'on soit pas monté pour rien non plus !
Un bien beau sommet qui se mérite au vu du dénivelé à faire. Mais il est très agréable pour décoller, notamment pour les débutants. Par contre, l'atterrissage est peut être à revoir. A priori, les autres parapentistes terminent généralement sur un autre champ. A suivre donc !