Combo vol-rando avec Roro
Ce devait être un week-end vol-alpi dans les Écrins. La magnifique barrière anticyclonique nous assurait d'un vent calme et de brouillards fuyants. Cela s'est transformé, par la force des choses (et de la météo) en vol-rando, puis en un deuxième vol-rando dans le Dévoluy.
« Hey les biquets! », lance Romain, « Ce week-end 🤔 »
« Hum, j'ai peut être un truc. Mais bon, ça c'est plus important quand même 😀 » répond JB. « Il a du neiger dans les Écrins par contre, non ? Ça risque d'être galère les Rochers Rouges avec de la neige, non ? »
« Ils annoncent de la pluie demain, ça va en remettre une couche. », répondis-je à mon tour.
« Ah oui, c'est vrai en plus ça. Bon, ça, ça va compliquer le plan alpi... Parce que en plus, c'est pluie et + 90km/h de vent. Donc, en vrai, on aura peut être même des plaques en altitude sur les sorties au sommet. » rétorqua JB.
Le lendemain.
« Ça peut le faire. En tout cas, les prévisions de vent restent très bonnes ! Est-ce qu'il y a pas un risque de mer de nuages avec l'humidité ? En tout cas, ça peut voler ! » relance Romain.
« Moi, ce qui me fait peur, c'est la neige . Mais comme on a un plan B en décollant du refuge, je me dis que ça peut valoir le coup d'aller se faire notre propre idée sur place. » répondis-je.
Le jour d'après.
« Sur les prévis pour dimanche, j'ai un vent un peu fort en altitude sur MP. Mais sur Windy, c'est plus calme. Je sais pas trop quoi en penser... » dis-je après avoir passé quelques minutes/heures à contrôler les modèles, les images satellites et tout ce que je pouvais trouver pour collecter le plus d'informations possibles.
« Ça fait double risque de but : neige et vent » se désola Romain.
« Sinon, on peut aller faire l'Obiou à la journée aussi ! » proposais-je.
« Ah oui ! J'y pensais justement ! » répondit Romain.
« Vous vous vexez si je vous laisse filer ? Ma motivation est en berne ☹ » demande JB.
C'est donc ainsi que nous avons changé nos plans de vol-alpi sur une journée en vol-rando dans le Dévoluy. Après les dernières modalités de logistiques réglées, nous sommes partis avec Romain pour ce magnifique sommet que ni lui, ni moi n'avions jamais fait en vol-rando et qui allait être riche en émotions.
En arrivant au Col des Faïsses, la couche d'inversion et les nuages nocturnes étaient toujours présents, nous cachant le sommet. Mais en montant, petit à petit le sommet s'est découvert ainsi que la plaine du col sur lequel nous allions atterrir plus tard dans la journée.
La montée se fit un peu à la fraîche mais à bonne vitesse. Sans courir pour autant, nous sommes montés très vite, ce qui nous a bien réchauffé. J'avais peur que la combe du Petit Obiou dans laquelle passe le "chemin" pour rejoindre le sommet ne soit enneigée. Mais il n'en fut rien, ce qui me rassura sur la suite de la randonnée.
Après, avoir doublé quelques groupes, vu décoller quelques parapentistes du sommet et aidé un jeune homme qui s'était perdu dans la voie normale de l'Obiou, nous sommes finalement arrivés au sommet.
Il s'agit d'un sommet sans herbe, seulement de la caillasse. Pour ne rien arranger, le sommet est entouré de falaises abruptes. Le choix du décollage fut le plus dur à faire. Si il y avait eu un petit névé, cela aurait résolu beaucoup de problèmes mais ce ne fut pas le cas. Nous avons du nous résoudre à déplier la voile dans les cailloux en espérant que ça ne tirerait pas trop sur les suspentes pour la monter.
Après avoir déplié les ailes, fait un peu de ménage en enlevant des cailloux et avoir fait notre pré-vole le plus proprement possible, nous nous sommes concentrés sur le décollage falaise dans les rochers. C'est un exercice délicat que de décoller du sommet de l'Obiou sans neige, cela implique d'avoir un décollage très propre pour être sur qu'en arrivant à la falaise et en se jetant dans le vide, il n'y ait pas de problèmes, sinon, il est très difficile, voir impossible, d'annuler le décollage.
Et c'est par un juron que Romain a franchi cette étape avec succès après avoir fait sa course d'envol, en sautant d'un rocher à un autre. Je le suivais de prêt, heureux qu'on ait eu quelques bouffées de face pour mettre la voile au dessus de la tête et la contrôler. Le décollage falaise fut émotionnellement fort (surtout quand c'est la première fois).
En l'air, nous avons navigué entre les falaises de l'Obiou et du Petit Obiou, trouvant de temps en temps quelques petites bulles thermiques, mais rien de trop fort. Finalement, nous avons pris la direction de l'atterrissage pour nous poser au col des Faïsses, à quelques minutes du parking. Plus un seul nuage ne nous bouchait la vue et l’atterrissage étant immense, nous n'avions que l'embarras du choix pour poser.
Il n'était que 13h quand nous avons posé. Un choix s'offrait à nous : rentrer tôt sur Grenoble ou bien s'en remettre un. Les conditions étaient parfaites, autant en profiter en remontant au Chatel par la face Est. Mais nous avons quand même pris le temps de manger un morceau avant de nous relancer dans la randonnée, faut pas déconner.
Et nous voilà reparti pour un nouveau vol-rando sur le chemin du retour. Sur la route du parking de la randonnée, nous avons guetté les atterrissages potentiels pour notre vol. Nous avions toujours le même triptyque en tête : orientation du vent possible, lignes électriques, taille du terrain. Nous avons finalement jeté notre dévolu sur un champ proche du parking de Cordéac.
Et nous avons entrepris notre deuxième randonnée de la journée que nous avons englouti en 2 heures. Au loin, vers Courtet, des ailes étaient en l'air, très basses, ne parvenant pas à monter. Sur notre crête du Chatel, le thermique ronflait bien et le venturi ne faisait qu'accentuer cet effet de vitesse. On en a donc profité pour faire une petite sieste en attendant que cela se calme. C'était d'autant plus important que comme nous allions décoller d'une face Ouest mais que nous allions passer sur la face Est du Chatel, une zone de turbulence était à prévoir avec un vent un peu trop fort.
Après la sieste, le thermique n'avait pas faiblit et nous ne voulions pas attendre le coucher du soleil pour redescendre. Nous nous sommes donc mis en quête d'un décollage moins venté plus loin sur le Chatel. Et c'est en arrivant vers la table d'orientation que nous avons senti que le coin s'y prêtait bien. En plus la pente herbeuse était bien accueillante, ce qui nous promettait un décollage plus serein qu'à l'Obiou quelques heures plus tôt.
Nous nous sommes donc mis en l'air. Nous avons contourné le Chatel par sa face Nord avant de nous rendre sur sa face Est déjà bien à l'ombre. Nous sommes volontairement restés loin de la paroi, des fois que des turbulences viennent nous ennuyer, on est jamais trop prudent. Et quelques minutes plus tard, nous avons touché terre dans le champ proche de la voiture. Les voiles repliées, nous avons finalement mis le cap sur Grenoble, bien content de la journée.