Un Chamrousse zéro carbone (ou presque)

Un Chamrousse zéro carbone (ou presque)

La reprise des vols de distance n'était pas pour ce WE dans notre coin. Du coup, c'est l'occasion idéale pour essayer de nouvelles formes de vol. Alexis propose un décollage depuis la Croix de Chamrousse en ski. Essayons !

Longtemps que rien n'avait été posté ici. Il était temps d'y remédier. Et le vol de ce WE était une bonne occasion de remettre un peu de vie sur ce site. Alexis propose de décoller de la Croix de Chamrousse en étant au préalable monté en bus puis en ski de randonnée. La logistique est plus compliquée que d'habitude mais on relève le défi.

J'émets l'idée saugrenue de rejoindre le Grand Colon, de re-peauter et de redécoller du sommet en espérant qu'il reste de la neige sur la face Ouest pour atterrir. Damien se joint à nous pour cet objectif. Un plan sympa sur le papier...

En terme de logistique, il y a le changement d'heure. En plus, il faut garder en tête le timing du bus. Et il est préférable de laisser une voiture à l'atterrissage d'Uriage pour ce soir. Il faut donc que je garde de la marge pour faire le trajet de l'atterrissage jusqu'à l'arrêt de bus à pied (environ 10-15 minutes à descendre avec tout le barda). Ça fait partir à quelle heure tout ça du coup ?

Après avoir réglé ces soucis logistiques, il ne reste plus qu'à attendre le bus. Sitôt arrivé à l’arrêt, je notifie mes compères et quelques minutes plus tard, Alexis me rejoignit en vélo électrique. Et toujours pas de nouvelles de Damien.

« Ça m'a tué cette virée en vélo depuis Crolles. En plus, ma batterie est à plat maintenant... Et j'ai oublié de prendre un masque. » m'annonce Alexis.

« Bah, tu as 5 minutes pour en trouver un avant l'arrivée du bus » lui répondis-je ironiquement. « Bonne chance ! »

Dans ma tête, je suis déjà en train de chercher un plan B parce qu'on va rater le bus... Et Damien qui n'est toujours pas là... Ça nous fait arriver à quelle heure là haut finalement ?

Alexis part donc à la recherche d'un masque et revient tout fier d'en avoir trouvé un auprès d'un couple de personnes âgées qui avait été prévoyant en en emportant plusieurs pour la journée.

« J'ai pris le bus à Gières. Il arrive. »

Ah ba, il est là Damien, il s'est juste trompé d'arrêt de bus. La logistique est compliquée aujourd'hui !!

Quelques minutes plus tard, nous montons finalement dans un bus bondé. Tout le monde veut prendre l'air à Chamrousse on dirait. En même temps, il fait beau, ça serait dommage de rester enfermer. Donc, direction le Recoin de Chamrousse !

Après plusieurs dizaines de minutes, nous arrivons finalement à la station. Les gendarmes sont partout, à contrôler tout le monde pour le port du masque. Nous chaussons les skis et commençons à monter sous ce soleil de printemps. Mais la neige ne semble pas super bonne. Heureusement que nous redescendons en volant, ça nous évitera ce désagrément.

Après une bonne heure et demi, nous arrivons sous le sommet, au décollage de la Croix de Chamrousse. Il y a beaucoup de skieurs au sommet, en train de manger et d'admirer le paysage. Nous avons un petit vent de derrière, aussi nous temporisons et cherchons d'autres solutions si cela devait persister. Nous discutons aussi du plan de vol.

Après débat, nous allons bien tenter d'aller voir du côté du Grand Colon. Nous espérons pouvoir poser vers la cabane et remonter un peu, voir jusqu'au sommet avant d'aller nous poser à Uriage. Et si ce n'est pas assez enneigé pour poser à la cabane, nous ferons demi tour pour rentrer. Nous abandonnons donc l'idée de poser à l'aiguille et de remonter une nouvelle fois à la Croix.

Nous nous préparons tranquillement dans un air calme, entrecoupé parfois de petites rafales arrière. Le stress pour Damien et moi est à son comble. Nous n'avons jamais décollé avec des skis au pied. Aussi nous demandons des conseils à Alexis, expert sur le sujet.

« Bon alors, tu skis tout droit en poussant sur tes avants et tu continue jusqu'à ce que la voile soit au dessus de ta tête. Mais tu la freines quand même au bon moment pour pas qu'elle te dépasse, hein ! Vous verrez au démarrage, elle vous ralentira, le temps qu'elle monte. »

Damien et moi suivons les conseils et hochons la tête religieusement.

« Damien, tu veux décoller avant moi ? » demandé-je. « Après tout, t'as déjà essayé ça une fois »

« Ouais, mais c'était quand je débutais » me répondit-il. Mais une première fois est toujours une première fois de plus. Et puis généralement, t'es plus propre que moi sur les décollage alors je ne vais pas insister pour partir en premier.

Finalement, Damien et moi décollons sans soucis. Ce n'est pas si compliqué que ça, malgré un petit vent arrière. La sensation est assez étrange mais on prend vite le pli et nous retrouvons rapidement à quelques mètres du sol.

Nous prenons donc la direction du Grand Colon, nous survolons et saluons les grimpeurs qui sortent des goulottes de Casserousse. Devant moi, je vois Damien s'enfoncer dans les limbes de Belledonne petit à petit. Pas de thermiques et je pensais que la masse d'air nous porterait plus que ça. On va jamais y arriver à faire cette transition même en longeant les falaises.

« Tu trouves des thermiques Rémi ? » demande Damien en radio.

« Des quoi ?! Jamais entendu parler... » répondis-je aussitôt.

En effet, la descente continue. Parfois, on descendait juste moins vite quand quelques bulles venaient lécher nos ailes. Mais rien n'était allumé à cette altitude pour nous permettre de reprendre du gain.

« Bon, les gars, j'ai foiré mon déco. J'ai fait tout le contraire de ce que je vous ai dit tout à l'heure, j'ai oublié de pousser sur les avants. » annonce Alexis en radio.

Te presse pas Alexis, nous, on fait que descendre...

Finalement, je fais marche arrière pour retourner au dessus de Casserousse, espérant trouver des choses là bas. Sans grand succès... Nous abandonnons finalement notre plan d'aller poser au Grand Colon, nous sommes déjà trop bas.

Damien émet l'idée de poser sur la piste de Casserousse, juste au dessus du parking. Je ne suis pas fan du plan, ça me parait un peu foireux pour une première en ski. Surtout que des skieurs descende pour rentrer au parking et qu'il y a une ligne de télésiège en prime.

Je m'oriente sous l'aiguille, au dessus de la foret. Quelques bulles m'accueillent mais rien de sérieux ne se dégage. C'est en train de se mettre en place mais je ne tiendrai pas encore longtemps dans le coin pour en profiter. Cela me permet seulement de zéroter au dessus de la route et de dire bonjour à VTTistes qui nous regarde du sol.

Alexis, partit plus tard, transite directement au dessus de l'aiguille, sur nos conseils. Il en profitera pour faire quelques wagas là où il peut. Il en profite aussi pour frôler le col de l'aiguille. Non, cette masse d'air ne porte définitivement pas !

Wagas au dessus de l'aiguille

Dans la vallée, nous voyons la couche d'inversion bien présente. Celle qui bloque tous développements au dessus de l'aiguille. C'est en arrivant au dessus d'Uriage que nous commençons à sentir des vrais trucs.

Mais ce n'est hélas plus le moment ni l'endroit pour monter. Cette fois ci, on veut descendre ! Il n'y a personne d'autre en l'air mais je m'étage malgré tout, au cas où, avec Damien, notamment parce que c'est une première pour le posé à ski dans l'herbe pour moi et que je ne sais pas ce que cela me réserve.

« Tu poses comme si tu descendais d'un télésiège »

Je me remémore cette phrase alors que des bulles m'accueillent dans les derniers virages de l'atterrissage. Quelques wagas plus tard pour descendre, me voilà en phase finale pour poser. Et je me pose comme une fleur sur l'herbe. Damien et Alexis suivront quelques minutes plus tard.

Le plan ne fut pas exécuté dans sa totalité. Pour les thermiques et le Grand Colon, on repassera. Mais c'était une bonne découverte que le décollage et l'atterrissage à ski. Et ça ouvre de nouvelles perspectives de vols sympas pour l'avenir.