WE cross de folie

WE cross de folie

Introduction

Vous vous demandez comment était le printemps 2024. Beaucoup vous répondrait naze, mais de mon côté j'ai adoré. J'ai pu tirer mon épingle du jeu et y faire mes plus beaux vols. J'ai pu passer des caps dans mon apprentissage qui m'ont permis de faire des vols qui me paraissaient inaccessibles. Bref j'ai été chanceux et j'ai pu profiter des bons créneaux en étant au bon endroit au bon moment. Oui, sinon ce printemps n'était pas fou pour du cross.
Je vous propose de nous replonger dans les trois cross du WE du 8 mai. Ce WE qui m'a fait avoir un bon déclic dans ma pratique.

Jeudi: échauffement et douche froide

Avant le vol

Après avoir roulé de nuit avec Guillaume, on se réveille à l'atterro de Chorges en compagnie d'une autre bande d'énervés aussi venus là pour manger du kilomètres: Bibar, Jeremy, Mickael et Philadelphe. Ils visent un déco à Chorges comme nous, il va y avoir des bornes de fumées aujourd'hui depuis ce spot.
Avec Guillaume, on rejoint Rémi, Vincent et Augustin qui parcourent déjà les alentours depuis quelques temps. Augustin, sur-chaud, nous présente son plan de vol pour taper le record du site: 190km FAI. Je ne suis pas difficile à convaincre, c'est parti !
Arrivé au déco, on voit que les quatre autres pilotes sont montés à un déco 150m plus haut. Rapidement le premier décolle, ne trouve rien et vient poser à notre déco. Il a grillé son premier joker pour l'extraction. Peu de temps après, les trois autres décollent et réussissent à tenir.

Vue du déco

Extraction et premier point au Aiguilles de Chabrières

On sait que notre heure arrive mais la mésaventure du premier nous met tous dans le doute. Au final, on décolle 15min plus tard et nous arrivons à nous extraire sans problème.
Nous avons prévu de faire un détour aux Aiguilles de Chabrières pour faciliter le bouclage en revenant du Morgon le soir. En avançant, on se retrouve vite dans une masse d'air sous le vent d'une crête par du vent d'Est qui n'était pas prévu. Rapidement avec Guillaume, on fait demi-tour ce qui nous permet de raccrocher facilement le Piolit. Pendant ce temps Augustin et Vincent forcent jusqu'aux Aiguilles. Ils se retrouvent en mauvaise posture avec une nouvelle extraction compliquée à réaliser. Ils perdront un sacré temps là bas.

Les Aiguilles de Chabrières droit devant
Sous le vent de ces reliefs, demi-tour toute !

Je les laisse dans leur mouise en traçant vers le Nord. Ciao les copains.

Notre demi-tour bien plus tôt (Guillaume/Violet et Moi/Rouge) qu'Augustin (Orange)

Les Richards level hard

On arrive à la petite Autane en même temps avec Guillaume. Par habitude sur ce spot, il part en face Ouest tandis que je mise sur le côté Est (Il est tôt voyons !). Sur ce choix, j'arrive à le devancer de quelques minutes (C'est toujours intéressant de comparer les options).

Magnifique vue des versants Nord du Piolit et des Aiguilles de Chabrières

Je me jette vers les Richards. Le ciel y est bien couvert et je vois que deux pilotes du groupe qui nous devancent sont bloqués dans la pompe à couillon des Richards qui marche tout le temps... sauf aujourd'hui. Heureusement, j'ai soigné le dernier plaf ce qui me permet d'arriver plus haut qu'eux. Je décide de ne pas traîner dans le coin: ils l'ont fait, ça ne marche pas. Je tente d'avancer, rien, deuxième crête, rien, troisième crête, rien. J'arrive dans une zone où je n'ai jamais avancé si bas. Mais derrière, les pilotes s'enlisent et le seul rayon de soleil du coin est sur la prochaine crête. Je me lance. Je sens bien que la fin de vol peut être très proche.

Pour l'instant, la raccroche donne envie...
... mais le nuage s'étale et l'enlise aussi

Finalement, je trouve un thermique qui me place un étage au-dessus puis je ne tarde pas à atteindre le plaf. Guillaume qui me suit, a réussi à exploiter un petit thermique au-dessus des Richards en arrivant plus haut que les autres pilotes et il me rejoint rapidement. Plus tard, les deux pilotes poseront non loin. Nous voilà avec Guillaume à la poursuite de leurs deux amis.

La ligne de Soleil est gagnante

En avant vers le Dévoluy

Je décide de pousser la balise jusqu'au Banc de Peyron plus au Nord ce qui me met en retard par rapport à Guillaume qui a foncé vers le Dévoluy depuis le Pic Queyrel.

Une belle vue sur les sommets des Écrins bien en neige

Mais grâce à ce détour, je retrouve Augustin qui s'en est sorti de ses galères du début de vol. Il a fait un bon plaf à la Petite Autane ce qui lui a pu éviter de perdre du temps à la raccroche des Richards pour avancer sur notre trace.
Il me précède donc durant la transition vers le Dévoluy et nous raccrochons ensemble.

Cette transition me fait toujours peur par sa longueur

Nous salivons devant la trace du livetracking de Guillaume qui s'extrait en quelques minutes avant de filer au milieu du massif. De notre côté, on galère à trouver un bon thermique pour faire un plaf. On contourne le massif par le Sud au niveau des crêtes avant de se faire catapulter aux nuages.
De là, on voit que Guillaume a filé sur les avant-reliefs en direction d'Aspres. Je ne suis pas chaud de le suivre alors que le Pic de Bure s'élève devant nous. J'aime voler haut et je compte y rester.

Direction le Pic de Bure, alors que Guillaume navigue sur les avant-reliefs à gauche

Nous l'observons tout du long un étage plus bas et espérant qu'il ne se mette pas dans la mouise.

La raccroche du Dévoluy jusqu'à la Longeagne: Guillaume (Violet) passe par le massif puis les avant-reliefs, Augustin (Orange) et moi (Rouge) devons contourner le massif puis nous gardons les hauts reliefs.

Au milieu des deltas

Nous arrivons avec Augustin à la Longeagne avec seulement quelques minutes de retard sur Guillaume. Encore une fois, la position de poursuite permet de gagner du temps en évitant les erreurs des précédents.

J'essaie de voler haut en ayant vu que 3 des 4 pilotes de l'autre groupe sont déjà posés

Je vois qu'un des pilotes de l'autre groupe a vaché en ayant raté la transition au Sud d'Aspres. Je me pose pas mal de questions comme je ne connais pas cette raccroche et je vois qu'elle semble technique.
Arrivé au-dessus du déco d'Aspres, je me retrouve avec des dizaines de deltas qui enroulent. C'est plutôt rare d'en rencontrer un, mais alors là je suis tombé sur un nid ! Il n'y a pas de grappe organisée, c'est bien simple toute la zone semble monter.

Des deltas partout !!!

Lorsque j'arrive au plaf, je vois tous les deltas partir exactement dans la direction de ma prochaine transition: parfait ! Ça sent le start de compétition à plein nez. Je les suis en les laissant prospecter pour moi. J'en profite pour couper plus à l'Ouest par rapport à Guillaume. Les deltas me balisent les ascendances. Un nouveau plaf et ... il n'y a plus personne. C'est le problème de suivre une compétition de deltas. Ils avancent bien plus vite que moi !

Les deltas me balisent la route

Cheminement de Rémuzat

Sans trop réussir à faire ce dernier plaf, je continue vers la grande crête s'étendant à l'Est de Rémuzat. Je passe plus bas que le sommet de la montagne de Laups Duffre où je vois un parapentiste remonter la voile en bouchon pour redécoller. Oh non ! Ce n'est pas mon avenir ça ! Je file vers le Sud pour atteindre la crête de Rémuzat. Bien bas, j'ai peur de ne pas réussir à la passer, mais heureusement la masse d'air porte et je passe à une centaine de mètres au-dessus du relief.

Il me faut passer cette crête

Il me faut maintenant réussir à remonter un étage au-dessus avant d'avancer. Cela permet à Augustin de me rattraper, lui a réussi à atteindre un beau plaf lors du dernier thermique ce qui lui a évité mes galères.
On part en cheminement sur la crête à la poursuite de Guillaume que l'on croise rapidement sur le retour. Son option s'est avérée plus efficace que la mienne au final. Ce cheminement est une découverte pour moi. Je ne pensais pas que les choses seraient si facile. Une fois, à l'étage supérieur nous restons collés aux nuages tout en avançant à un bon rythme.

C'est parti pour l'autoroute

Pendant ce temps, je regarde la trace de Philadelphe, le dernier pilote de l'autre groupe qui trace plein Sud. Il part pour un parcours de fou jusqu'après Laragne, je me dis qu'il est bien de trop optimiste mais il arrivera tout de même à boucler au final.

Arrivée et cheminement sur la crête de Rémuzat (Guillaume/Violet, Augustin/Orange, moi/Rouge)

Changement de plan

Lors de notre retour sur la crête en direction de l'Est nous apercevons de la pluie vers Montclar qui est notre prochain objectif. Il est clair que nous n'allons pas pouvoir finir le parcours prévu. Avec Guillaume et Augustin, nous allons prendre chacun une stratégie différente.

Attention à la pluie en face

Lorsque nous transitons vers la montagne d'Aujour avec Augustin, nous voyons Guillaume qui fait demi-tour et semble ne plus chercher à avancer. En effet, voyant la pluie à l'Est, il décide d'écourter le parcours en remontant au Nord vers Céüse pour ensuite rejoindre la voiture plein Est. Avec Augustin, nous sommes plus confiants sur le fait de passer avant la pluie. On fait la transition prévue de l'autre côté de la Durance.

Guillaume (Violet) quitte le plan initial puis part plein Nord pour Céüse

Augustin décide de temporiser en allant plus au Sud le temps que les nuages les plus menaçant passent. Tandis que de mon côté, je file plein Nord pour rentrer au plus tôt.
Les nuages devant moi sont particulièrement sombres, mais je mets ça sur le compte qu'ils sont à l'opposé du Soleil, ce qui les rend plus menaçants. Malheureusement, je me suis planté sur l'analyse et je me prends d'abord un peu de grêle puis de la pluie.

Allez mange ta grêle tocard !

J'évalue la possibilité d'aller poser dans la vallée de la Durance qui est le posé le plus proche. Mais les précipitations vont dans ce sens-là. Je décide donc de fuir le nuage en continuant vers le Nord.
En arrivant dans la vallée du barrage de Serre Ponçon, la pluie s'arrête et le temps est plus clair. Je décide donc d'essayer d'exploiter pour chercher à atteindre la voiture au plus vite.

Après la pluie un peu de beau temps ...

Évaluant que le risque niveau sécurité est négligeable, je décide de m'éviter au maximum des galères logistiques. En enroulant, je vois que Guillaume raccroche à l'Est de Gap, en étant plus au Nord que moi donc avec moins de risques de prendre de la pluie. Je le vois monter à plus de 2500 quand je bloque vers 1800. Je comprends que le choix le plus important du vol, je l'ai raté en transitant au dessus de la Durance. Guillaume a fait le bon choix.
En avançant vers la voiture, je retrouve un thermique dans lequel je fais quelques tours. Mais quelques gouttes arrivent, s'en est trop. Je pars pour un glide qui me fera poser avant la voiture. Mes marges ont déjà été trop largement rognées sur ce vol.

... Mais tout de même pas trop de beau temps !
Les différentes options: Guillaume (Violet) par Céüse, Augustin (Orange) qui temporise par le Sud, Philadelphe (Bleu) remonte loin du Sud et je file plein Nord direct (Rouge)

Synthèse

Ce vol était magnifique, dans des paysages que je ne connais que très peu. Même si les conditions ne nous ont pas permis de réaliser tout le parcours prévu, c'était un cross de folie. Il n'y a que cet arrière goût de mauvaise décision avec ce passage de précipitations.
La journée m'a bien servi d'échauffement pour les deux prochains jours de vol qui ont été tout simplement déconnants. D'ailleurs avec plus de 140km, on est sur mon deuxième plus grand vol en FAI.

Le parcours entier des pilotes des deux groupes:

  • Augustin: Orange
  • Guillaume: Violet
  • Philadelphe: Bleu
  • Jeremy: Bleu clair
  • Mickaël: Vert
  • Moi: Rouge

Vidéo

Liens - Traces

Les copains:

  • Ma trace:
Ad Cou • 9.5.2024 • △ 142.31 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 6:05:59 h ∷ ø 24.88 km/h ∷ ⊺ 3270 m
  • Augustin:
augustin bedek • 9.5.2024 • △ 130.49 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 6:43:43 h ∷ ø 20.54 km/h ∷ ⊺ 3052 m
  • Guillaume:
Guillaume Funck • 9.5.2024 • ▻ 141.26 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 6:08:54 h ∷ ø 23.33 km/h ∷ ⊺ 3090 m
  • Rémi:
Rémi Peyrusqué • 9.5.2024 • △ 58.85 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 3:03:41 h ∷ ø 19.82 km/h ∷ ⊺ 2813 m

Le deuxième groupe:

  • Philadelphe:
      • Magnifique cette trace !
Philadelphe Knellwolf • 9.5.2024 • △ 139.14 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 8:27:30 h ∷ ø 16.99 km/h ∷ ⊺ 3135 m
  • Mickaël:
Mickael Gazzotti • 9.5.2024 • − 66.81 km
PARAGLIDING ⛳ ? [FR] ∷ ⌛ 3:09:01 h ∷ ø 21.73 km/h ∷ ⊺ 3121 m
  • Jeremy:
jeremy besneau • 9.5.2024 • − 23.87 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 1:53:45 h ∷ ø 12.65 km/h ∷ ⊺ 2297 m

Vendredi: on fait tomber un record

Le soir

Avec tous les copains, on se pose pour la nuit sur les berges du lac de Serre Ponçon, prêt à passer une bonne soirée et à préparer le vol du lendemain. Dans la journée, on a recruté trois autres pilotes: Valentin, Marius et Sylvain. On commence à avoir une sacrée troupe.
Le plan reste le même que la veille: chasser le record de Chorges de 190km qui est détenu par Fabian Buhl.
J'installe mon palace entre deux arbres et il est temps de se reposer.

Pas dégueulasse la chambre

Avant le vol

On monte encore classiquement à pied jusqu'au déco des Jambons. En haut, on voit rapidement sur le live que le même groupe qu'hier a décollé depuis la tête de Clotinaille. Ils sont presque à nous passer au-dessus.

On n'a pas décollé qu'ils ont déjà fait plus de 10km

Remontée au Grun de Saint Maurice

Cette fois-ci, pas de détour vers les Aiguilles de Chabrières, on va avancer, ça sera déjà bien. Direction plein Nord. On retrouve l'autre groupe arrivé aux Richards.

Mickael, aux Richards, que je vais essayer de ne plus lâcher

Tout le monde est chaud, il y a du rythme. Je pense qu'il y a eu un début de déclic dans ma tête à ce moment-là. J'ai commencé à me dire que je me devais d'être plus efficace. Si je me laisse tracer, c'est que je ne vole pas bien.
Les Richards, Pic Queyrel, Banc de Peyron, Grun de Saint Maurice, on trace pour poser notre première balise... Et bien non Mickael continue vers le Nord. L'idée n'est pas débile, ils sont chauds, je le suis. Je ne vais quand même pas faire demi-tour avant lui... Mais, mais... il ne fait pas demi-tour. Je commence à me dire qu'ils veulent peut être faire un tour des Ecrins. Ils ne vont pas faire demi-tour ! (En effet, Jérémy ira jusque dans les Aravis). Je repars vers le Sud bien après les copains qui me devancent maintenant d'une transition.

Non, mais on ne va pas aller jusqu'à Grenoble !
Et voilà j'arrive encore à me mettre en poursuite des copains après cette première balise

Traversée du Dévoluy

De retour au Grun de Saint Maurice, je tombe sur le thermique certainement le plus puissant que j'ai rencontré de ma vie. Le vario était à deux doigts de la syncope, ce n'était plus des "bip-bip-bip" mais un énorme "biiiiiiiiiiiiiiiiiiiip". Me voilà bien parti pour rattraper les copains. D'ailleurs à côté, Vincent et Sylvain filent vers le Nord-Est du Dévoluy depuis le Grun de Saint Maurice. L'idée me semble crédible mais je n'ai rien préparé sur ce parcours et je ne veux pas me mettre en galère dès le début du vol.

Deux options se dessinent pour atteindre le Dévoluy

Je rejoins Augustin et Guillaume au Cuchon de Moline avant de partir en transition vers le Dévoluy. Valentin, Marius et Rémi nous précèdent. Les deux premiers se sont extraits mais Rémi galère en basse couche à la raccroche.

Tu m'étonnes que je rattrape Augustin s'il prend ses transitions pour des toilettes publiques

Au final, nous arrivons à passer au-dessus de Rémi et à rapidement nous extraire l'emmenant avec nous. Pendant ce temps là Sylvain et Vincent coupent par le milieu du Dévoluy via une route plus directe.
Chaud du rythme de la première partie du vol, je pars à l'attaque en suivant la crête menant au Pic de Bure. Il est vraiment impensable de poser dans cette zone, je ne vois aucun posé en sécurité. Mais il est clair que je n'aurais pas de mal à rester haut.

Ce paysage de folie !

J'ai pour objectif de rattraper Valentin et Marius et de ne pas me faire distancer par Sylvain et Vincent. Des lignes bien porteuses, quelques thermiques efficaces, je ne tarde pas à arriver à la Longeagne.

L'option par l'intérieur du Dévoluy était la plus rapide et certainement la plus belle. Ça sera pour une prochaine

Course poursuite avec Sylvain sur la crête de Rémuzat

Sylvain a déjà fait la transition au Sud d'Aspres lorsque j'arrive vers le déco et Vincent est à mon niveau mais 400m plus haut. Je suis au niveau du relief prêt à retrouver le méga thermique de la veille.

J'ai pu bien avancer maintenant il faut monter

Mais là, les conditions sont bien différentes, je trouve facilement un thermique qui m'emmène à 2000m mais ensuite les choses se corsent. Je retrouve trois voiles ayant décollées depuis Aspres et on s'entraide pour faire le plaf. Grâce à l'un d'eux, je vois qu'un thermique plus important est écarté du relief là où je ne m'y attendais pas, je file le rejoindre. Rapidement je me retrouve à enrouler avec Marius que j'avais laissé derrière moi 25min avant. Oups j'ai merdé là. Il a fait un plaf à 2800 un relief avant la Longeagne et il a rejoint Aspres et en coiffant la grappe par le haut.

Comment il va l'ami !

Nous sommes à 2500m, 300m plus bas que la veille au même endroit. Mais Sylvain a réussi à raccrocher et on ne monte plus, je pars en transition. Arrivé au premier relief au Sud, je soigne particulièrement le plaf pour éviter le coup de chaud de la veille. Surtout que Sylvain est justement en train de perdre du temps vers la Montagne de Laups Duffre.

Ça, c'est soigner un plaf

Je le rejoins sur la crête de Rémuzat, mon retard est rattrapé.On part à deux en cheminement sous les nuages et commence une bataille psychologique (Fort marrante). Un peu devant moi, il file placer sa balise avant de faire demi-tour pour me rejoindre au thermique où je fais le plaf. Mais je pars placer ma balise plus en vallée que lui, sous la rue de nuages et il revient en me suivant. Je réussis à faire un nouveau plaf en avançant tandis qu'il perd pas mal d'altitude en quittant la ligne porteuse. Je pars toujours plus à l'Ouest, 1km après le deuxième demi-tour de Sylvain. Haha, je l'aurais posée plus loin ma balise ! Et au moment de rejoindre Augustin, je me dis "Bon chance pour aller plus loin mon p'ti !"

Au moment de faire demi-tour. En face le nuage qui m'a permis de rester haut. Sylvain allait plus à gauche sur la crête

Nous repartons tous les trois à fond sur le cheminement vers l'Est de la crête.

A partir de là, nous ne serons que nous trois du groupe

Traversée des Monges, c'est beau, mais ça fait peur

Le temps de partir en transition au-dessus de la Durance, je fais un récap' du parcours des copains: Guillaume, en poursuite depuis la raccroche du Dévoluy n'a pas réussi à soigner ses plaf et a posé au Sud d'Aspres. Valentin est posé proche de lui après avoir réussi à aller un peu plus au Sud. Marius est sur le retour en étant passé par Céüse et le col Bayard (Il reposera à la voiture). Vincent et Rémi se sont aussi mis sur le retour en passant par Céüse mais le premier pose à Gap et l'autre à l'Ouest du Colombis. Oui, je prends sacrément le temps de suivre les vols aux alentours grâce au livetrack d'XCTrack.
Je comptais traverser les Monges droit vers l'Est pour arriver vers Montclar pour ensuite suivre l'autoroute de la Blanche vers le Sud. Mais voilà que Sylvain part bien plus au Sud. Je ne connaissais pas ce gars là la veille, mais durant ce vol, il a mérité ma confiance (Et s'il arrive à passer pourquoi je n'arriverais pas !). Je pars à le suivre mais en ayant perdu du temps sur cette extraction. A partir de maintenant, c'est un saut dans l'inconnu.

Mais où est ce que je vais me perdre là ?

Avec Augustin, on se retrouve bas au niveau de la crête de Jouère avant de réussir à remonter dans un thermique et de nous sortir d'une position désagréable. On arrive au sommet des Monges et voilà qu'on retrouve les trois voiles avec qui j'enroulais lors de mon extraction d'Aspres.
On commence à faire du soaring à 5 en n'arrivant pas à dériver convenablement les thermiques qui nous emmènent sous le vent.

Ce spot de soaring, il est au top, mais là ce n'est pas du tout la motiv'

Sylvain est parti après être monté à 2700 et on monte péniblement vers les 2400. Au bout, de 15min, je perds patience et je file vers les prochains reliefs. Augustin me suit et me remercie de l'avoir débloqué. On était bien parti pour rester la toute la soirée. Maintenant je veux juste réussir à rentrer à boucler.
En route vers le Blayeul, j'arrive à ne pas trop perdre d'altitude tout en guettant les posés. Le sol est hostile dans le coin. Arrivé sur ce relief, je mets ma vie pour réussir à m'extraire. Les 3 autres pilotes arrivent au-dessus de moi et me montrent un endroit efficace pour faire le plaf.

C'est une belle découverte ce Blayeul
Là le Sylvain nous aura tellement mis une pilule qu'il ne sera même plus sur l'écran

Bouclage du vol

Me voilà à nouveau dans la course, je pars encore en poursuite de Sylvain. Je raccroche tout comme lui sur la crête amenant à l'Estrop. Lui a ensuite poussé un peu plus avec un détour au Sud-Est. Je suis fatigué de la traversée des Monges et je vois qu'il commence à être tard. Je préfère assurer et rentrer le plus sereinement possible, il est temps d'arrêter de jouer à qui pousse le plus loin.

Non, je ne pousserais pas la balise plus loin cette fois-ci

Je remonte l'autoroute vers Dormiouse et Augustin m'y rejoint. Il a coupé le triangle en pensant que la balise du triangle serait au Blayeul. On remonte le cheminement tranquillement jusqu'à Montclar, où aucun thermique ne nous attend pour faire le plaf. On fait un jeté de viande sur le Morgon, je trouve rapidement le dynamique de la brise. C'est bon je sais que l'on va forcément réussir à boucler et à poser proche de la voiture. Il ne nous reste qu'à faire le meilleur plaf possible, à soigner notre ligne pour le dernier glide vers Chorges et on retrouve tous les copains !

Les Monges en fond. Je ne suis pas mécontent d'en être sorti
Les trois retours différents: Sylvain en violet, Augustin en rouge et moi en Orange

Le groupe des copains de la veille

Les 4 copains de la veille nous ont mis une sacrée leçon depuis Serre Buzard:

  • Jérémy nous fait un magnifique vol en ligne droit à rejoindre la Chartreuse puis les Aravis.
  • Philadelphe et Bibar font le même FAI de 200km entre le Grun de Saint Maurice, le Cheval Blanc et le Queyras.
  • Mickael sort une folie en poussant jusqu'au Coiro et Saint André pour réaliser un 260 FAI (Même si je trouve notre parcours plus beau =P).

Synthèse

Cette journée de folie ! Quoi demander de mieux ? On part entre copains, chacun ses objectifs. On a pu profiter de conditions géniales pour explorer des paysages peu visités. J'ai commencé le parapente en ayant en tête de pouvoir me balader comme jamais je ne le pourrais à pied. Cette journée en est le plus parfait exemple.
Ensuite, j'ai adoré cette saine compétition avec les copains que j'ai pu vivre. On fait du vol de groupe mais sans rester collé. Chacun prend ses options et on peut comparer ensuite ce qui a le mieux marché. Le but n'est pas de savoir si j'ai été meilleur que les autres, mais de savoir si j'ai réalisé le meilleur de ce que je pouvais.
Au final, 220km FAI, 30km au-dessus du précédent record. Sylvain arrive à en faire 5 de plus. Et dire que l'année dernière dans les giga conditions d'aout, je n'avais pas réussi à en faire 200.
Je sens que mon état d'esprit est bien mieux que la veille. A part pour les Monges, je connaissais le parcours et je me sentais bien plus d'attaque. Je volais serein sans craindre ce qu'il allait arriver ensuite. De plus, l'émulation du groupe a permis de bien augmenter l'efficacité durant le vol.

Les parcours de tous les copains:

  • Augustin: Rouge
  • Sylvain: Violet
  • Marius: Vert clair
  • Rémi: Jaune
  • Vincent: Bleu foncé
  • Guillaume: Bleu clair
  • Valentin: Vert foncé
  • moi: Orange

Vidéo

Liens - Traces

Les copains:

  • Ma trace:
Ad Cou • 10.5.2024 • △ 221.83 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 9:33:39 h ∷ ø 23.53 km/h ∷ ⊺ 3156 m
  • Augustin:
augustin bedek • 10.5.2024 • △ 202.44 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 9:35:35 h ∷ ø 21.29 km/h ∷ ⊺ 3074 m
  • Sylvain:
Sylvain Koch • 10.5.2024 • △ 225.54 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 9:09:20 h ∷ ø 24.98 km/h ∷ ⊺ 3126 m
  • Vincent:
Vincent At • 10.5.2024 • △ 113.55 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 5:49:33 h ∷ ø 19.90 km/h ∷ ⊺ 3070 m
  • Guillaume:
Guillaume Funck • 10.5.2024 • − 101.04 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 4:53:47 h ∷ ø 20.78 km/h ∷ ⊺ 2994 m
  • Rémi:
Rémi Peyrusqué • 10.5.2024 • ▻ 110.66 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 5:22:37 h ∷ ø 20.64 km/h ∷ ⊺ 2922 m
  • Marius:
Marius Jenny • 10.5.2024 • ▻ 112.01 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 6:00:02 h ∷ ø 18.81 km/h ∷ ⊺ 2928 m
  • Valentin:
Valentin Azemard • 10.5.2024 • − 80.93 km
PARAGLIDING ⛳ Chorges [FR] ∷ ⌛ 4:38:50 h ∷ ø 17.78 km/h ∷ ⊺ 2923 m

Le deuxième groupe:

  • Mickael:
Mickael Gazzotti • 10.5.2024 • △ 261.24 km
PARAGLIDING ⛳ Serre Buzard [FR] ∷ ⌛ 11:06:46 h ∷ ø 23.59 km/h ∷ ⊺ 3269 m
  • Jeremy:
jeremy besneau • 10.5.2024 • − 214.10 km
PARAGLIDING ⛳ ? [FR] ∷ ⌛ 8:59:14 h ∷ ø 24.08 km/h ∷ ⊺ 3133 m
  • Philadelphe:
Philadelphe Knellwolf • 10.5.2024 • △ 198.21 km
PARAGLIDING ⛳ Serre Buzard - Rando [FR] ∷ ⌛ 9:04:40 h ∷ ø 21.98 km/h ∷ ⊺ 3528 m
  • Bibar:
Bibar Bibarr • 10.5.2024 • △ 204.05 km
PARAGLIDING ⛳ Serre Buzard [FR] ∷ ⌛ 10:09:54 h ∷ ø 20.91 km/h ∷ ⊺ 3533 m

Samedi: Autobahn des Alpes du Nord

Pas tout à fait le samedi

Toujours le vendredi, on se retrouve un peu tous à une fête de village à Chorges. Le temps de partager une bière, on réfléchit au plan du lendemain. Guillaume, Augustin, Sylvain et Vincent veulent rester dans le coin pour profiter tant qu'à être descendu dans les Alpes du Sud. En plus, le dimanche a plus de chance d'être crossable par ici. De notre côté avec Rémi, on a envie d'autoroute des Alpes du Nord. Les conditions y sont très bonnes et il y voit la possibilité de faire son premier 200km. Et perso, je n'ai pas beaucoup crossé au Nord de Grenoble l'année dernière. De plus, j'ai trouvé les deux derniers vols très fatigants mentalement. J'ai envie de facilité sur des autoroutes toutes tranquilles. On décide donc de scinder le groupe en deux. Je vais changer de paysage !
Nous voilà reparti sur la route direction Grenoble après 9h de vol pour dormir directement au parking sous le Moucherotte. Pas le temps de niaiser, il est déjà tard et demain, on veut décoller avant 10h !

Le matin

Je me lève de mon palace constitué d'un matelas étalé sur les sièges avant du camion de Rémi. On est chaud patate. Aujourd'hui, il est hors de question que l'on fasse moins de 200km et je vois un maximum à 290km en poussant jusqu'à la Pointe Percée. Mais ça, je n'y crois pas du tout. Petit déj', prépa' des sac et on est parti pour la rando. Décidément il faudra penser à crosser depuis des décos accessibles en voitures un jour.
On arrive un peu avant 10h en haut, les conditions sont au vert, c'est parti.

Vercors: Repousser au maximum le premier thermique

Il est 10h01, me voilà en l'air. 2min de retard sur le timing. Pas de temps à perdre, j'enquille sur le cheminement du Vercors direction le Sud. Je pousse le barreau dès que je le peux et je n'hésite pas à accélérer à fond. Mon but est qu'XCTrack m'affiche la vitesse moyenne la plus élevée possible.

L'autoroute est ouverte !

En même temps que je guette le livetracking pour apercevoir Rémi. Au bout d'une dizaine de minutes, il m'envoie un message vocal, il a pété une suspente au décollage. Sa voile enroule toute seule. Il va poser. Le rêve de cette journée à 200km tous les deux tombe à l'eau. Tout le long du Vecors, je me suis posé la question d'aller le rejoindre et d'aller se faire un petit cross ensemble plus tard après une réparation. Heureusement, il me dit qu'il va gérer ça et que je dois continuer mon vol (Merci sinon je serais passé à côté de quelque chose de beau).
A quelques kilomètres du col Vert, je vois sur le livetracking qu'un pilote y décolle. Simon, un bon pilote que j'ai rencontré dans mon ancienne vie de nantais et qui est allé s'installer dans les environs de Gourdon. Je suis tout content d'avoir du monde avec qui voler. De plus, quelqu'un que je connais. En décollant du col Vert, il y a de grandes chances qu'on ait le même plan de vol.
Je vais pouvoir me tester à rivaliser avec sa Zeno 2 en cheminement. Je le vois enrouler, ce qui me parait superflu, je lui passe dessous tout en cheminement. Ensuite, j'aurai pour objectif de ne pas me laisser rattraper. Au final, tout le long du Vercors, j'arriverais à creuser l'écart un peu en cheminement mais surtout dès qu'il enroule. J'essaye de lui montrer qu'il n'a pas du tout besoin d'enrouler mais il m'apprendra ensuite qu'il a pris un vrac il y a peu. Il n'était pas trop chaud pour pousser à fond et il préférait garder de bonnes marges. C'est tout à son honneur.
Arrivé proche du Grand Veymont un gros nuage met toute la zone dans l'ombre ce qui m'inquiète mais en étant haut, la masse d'air porte bien.

Ça c'est du gros bébé

Je me retrouve quelques centaines de mètres plus bas par rapport à l'aller sur la première moitié du retour. Je croise rapidement Renan, un copain super efficace en l'air. J'entrevois déjà la possibilité de faire le cross ensemble. Je pense qu'il n'aura pas de mal à me rattraper. Mais malheureusement, il arrive plus bas que moi au Grand Veymont. Trop pressé de nous suivre, il n'arrivera pas à sortir de la zone d'ombre qui est de plus en plus étalée.
J'arrive à 2km du Moucherotte lorsque j'enroule mon premier thermique pour préparer la transition vers la Chartreuse après 1h48 de vol.

Presque 2h en l'air et je réapprends à faire un virage

J'ai vraiment eu l'impression d'être sur le début d'un vol en enroulant enfin pourtant ça faisait presque 2h que j'étais en l'air. Je monte 250m pour arriver vers les 2350 et partir en transition sans perdre de temps. Plus de 36km/h sur l'aller retour du Vercors, voilà une traversée efficace. Durant tout le vol, je m'appliquerais à ne pas trop faire descendre cette vitesse moyenne !

Le parcours sur les faces Est du Vercors. Un aller retour avec un premier thermique au retour au déco


Chartreuse: Un petit coucou à la maison

Durant la transition, je prends le temps de faire mon secrétariat (Tout en poussant le barreau bien sur). J'appelle Rémi pour savoir ce qu'il en est et lui conseiller des adresses pour faire des répa' rapide (Mais on est le WE tout est fermé). Je lui propose de passer prendre ma Lynx à l'appart. J'appelle Max, mon coloc, pour être sur qu'il puisse accueillir Rémi mais celui-ci était paumé sans réseau au milieu de la Chartreuse. Un vrai secrétariat je vous dire.

L'avantage au-dessus de Grenoble, c'est que ça capte bien

Arrivé à la Chartreuse, je ne perds pas de temps au Rachais. Je file au Saint Eynard. J'y arrive 150m, plus bas que la crête. Ce n'est pas grave, je vais bien monter en cheminement. Et bien cette fois-ci: non. Je reste dans la même tranche d'altitude sans monter ni descendre.

On prend maintenant l'autoroute de la Chartreuse (Des ralentissements sont prévus)

Je perd un peu de temps pour gratter en chemin puis je file jusqu'au Sud de la Combe de Manival pour chopper un thermique et m'extraire. Mais celui-ci n'est pas super efficace. Simon aura mieux joué son coup: Il a fait la transition directement vers le Saint Eynard ce qui lui a permis d'arriver plus haut que la crête. Il a ensuite pu cheminer tranquillement.

Ma transition en orange et celle de Simon en rouge

Il a presque réussi à me rattraper ce qui me vexe passablement. A quoi bon avoir optimisé tout le début du vol si c'est pour faire ce genre d'erreur. Je file juste avant qu'il me rejoigne dans le thermique un peu sous moi. Non mais je ne vais pas me laisser abattre !

Oh, La belle dent !

En arrivant au niveau de la Dent de Crolles, je repense à la compétition, la Piment d'aile qui a lieu en ce moment. C'est fou comme je n'ai pas du tout envie d'être à leur place. J'aime la compétition mais je trouve ça trop contraignant.
Le reste de la traversée de la Chartreuse se fera sans difficulté: haut et sans enrouler.

Il n'y aura pas un virage à faire sur toute la crête de la Dent

Sur le livetracking, je vois qu'une amie est devant moi en direction du Granier. Je l'appelle pour voir son plan de vol et peut être s'entraider. Mais elle n'a pas la folie des grandeurs et préférera rester raisonnable. Oui, je cherche des amis. Je n'aurais jamais autant passé de coups de téléphone en l'air.
Je fais une espèce de truc qu'on pourrait presque appeler un plaf à 2300 bien avant le Granier. Il est 13h10, le plan est de filer en face Est des Bauges. A ce qu'il parait ça raccroche bas, je ne prends pas plus de temps et je pars en transition.

Allez, on va dire que ça va raccrocher
Une petite galère pour s'extraire, sinon tout roule.

Bauges: Check

Durant la transition, j'envoie un message à Simon pour lui expliquer mon plan et lui proposer les faces Est des Bauges plutôt que l'intérieur. J'ai cru l'avoir convaincu jusqu'au moment où je le vois partir vers le Montgelas. Eh mince, j'ai perdu tous mes copains. D'ailleurs grâce au livetracking je vois que je croise un nom connu. Philadelphe me passe sous les pieds en faisant la transition inverse. On se sera décidément croisé pas mal de fois sur ce WE.

Philadelphe dans le sens inverse

Je raccroche un peu sous la crête de la Savoyarde. A cette heure il y a surement déjà pas mal de brise, je le sais. Je serre les dents et je tiens ma voile jusqu'à me protéger un peu plus loin. De là, je peux gagner quelques centaines de mètres qui vont me permettre d'atteindre Montlambert. Mais je ne tarde pas, l'aérologie n'est pas sympa ici. Je traine quelques temps en basse couche vers Montlamb' alors que je vois un paquet de pilotes au moins à 3000 (Dans ma tête). Je veux monter, je veux monter ! J'applique le même état d'esprit que durant le début du vol. Si je ne monte pas bien là, alors j'avance. Au-dessus du déco, je commence à trouver un thermique plutôt faible mais je ne sais pas pourquoi il me donne envie. Après quelques tours, il devient super efficace. Je ne tarde pas à déposer tous ceux qui étaient quelques centaines de mètres au-dessus de moi mais à côté du noyau.

On s'extrait de là !

2200, ça monte encore, mais encore une fois: "Est ce que j'en ai besoin ?". Je trace vers la Dent d'Arclusaz pour attaquer un nouveau très beau cheminement. Je monte tout du long. Je prends le temps de faire quelques tours pour me placer au-dessus de la crête mais sans trop m'arrêter. Au-dessus de Roche Torce, un dernier plaf me permet de glider jusqu'à la Dent de Cons.

Dernier plaf avant la Dent de Cons

Quelques petits tours à la raccroche, cheminement, quelques petits tours avant la transition de l'autre côté et me voilà parti pour les Aravis !

La route est tracée
Un baisse de régime. J'ai dû m'arrêter en plusieurs points pour traverser les Bauges

Aravis: Faites demi-tour dès que possible

J'arrive pour la première fois dans les Aravis par le Sud. Deux rapaces m'indiquent le thermique. Un salut de la tête et je les laisse pour avancer vers le Nord. Ce n'est pas parce qu'on est pressé qu'il faut oublier d'être poli (Oui, je suis toujours en manque d'amis sur ce vol).
Devant moi s'étend un nouveau massif et qui dit nouveau massif dit nouvelles conditions de vol. C'est le bon moment de mettre à jour son état d'esprit. Les nuages sont bien plus gros et étalés ici qu'au Sud. Ça ne m'étonne pas, j'ai souvent vu ça dans les Aravis, avec de gros thermiques en dessous.

Il y a de moins en moins de bleu devant

Maintenant ça sera moins de cheminement, mais plus des arrêts ponctuels pour monter puis avancer. Je ne m'arrête que dans les thermiques que je sens les plus efficaces tout en restant haut. Rapidement, je passe le col des Aravis.
Mais à partir de là je ne trouve plus un thermique, rien, nada. Je me retrouve à 2000 un peu après la Clusaz et pour la première fois du vol je me dis: "Tu vas te retrouver à poser mon con !". Mais alors, ce n'était pas, mais vraiment pas le plan. Je fais demi-tour avant de me dire que ce n'est pas demi-tour que je dois faire, mais monter. Et le dernier patch de soleil du coin il est justement là où j'ai fait demi-tour. J'y retourne, le tout pour 150m de perdu inutilement.

Le dernier rayon de Soleil du coin

Je trouve un petit vario positif tout timide, mais je n'aurais mieux nul part. Je reste patient. j'ai une mission: c'est monter. Ensuite le petit thermique devient grand et j'ai un vario tout à fait convenable. Arrivé au plaf vers 2600, je ne réfléchis pas, c'est un demi-tour direction le Sud !
Encore une fois, je ne trouve rien de ce côté du col des Aravis. Je suis encore sous un nuage qui cache tout le Soleil. Mais point positif, plus je vais avancer plus il y aura de Soleil. J'atteins le Sud des Aravis en ne faisant qu'un plaf sur le Merdassier. Il n'y a pas de temps à perdre. Rémi m'attend à Grenoble pour la bière.

Le ciel redevient plus appétissant au Sud des Aravis

Au final, mon point le plus au Nord aura été posé avec une vitesse moyenne de 32km/h. Moi qui n'ai jamais fait un cross à plus de 21km/h. C'est une sacrée réussite.

Le demi-tour a dû être fait avant d'arriver au bout des Aravis

Combe de Savoie: Une rencontre imprévue

La raccroche et le cheminement de la Dent de Cons est une formalité. Le demi-tour est fait, je suis maintenant en rythme de croisière. Je commence à rechercher sur le live d'XCTrack les pilotes devant moi qui peuvent me donner des infos. Un pilote squattant le Sud de la Dent de Cons depuis un bout de temps me donne l'altitude du plaf. Simon est remonté jusqu'au bout du Roc des Boeufs et est maintenant au-dessus de Montlambert en train de faire la transition vers Brame Farine. Il va pouvoir m'ouvrir la voie dans Belledonne (Avec beaucoup d'avance). Et surprise je vois que Mehdi, un autre copain est sur le relief du Grand Arc. Je l'appelle pour savoir son plan de vol et voir si on va pouvoir voler ensemble. Malheureusement, il doit retourner chercher sa voiture à Annecy. On va se croiser.
Je le vois partir en transition à peu près en même temps que moi sur le livetrack. Ça serait marrant de le voir. Mais quel est ce truc qui me fonce dessus. Une Zeo jaune. Mais oui, c'est le Mehdi pile poil à ma hauteur. Sur une transition de 13km, on arrive à pouvoir se foncer dedans tel une joute de chevalier. Improbable comme situation.

Salut l'ami !

J'arrive bien haut vers le Grand Arc. Je remonte en quatre petits arrêts pour enrouler lorsque je trouve un bon vario et me voilà à 3100 en haut du Grand Arc. Avec une vue à couper le souffle, j'adore ce panorama vers tous les sommets qui s'étendent à l'Est.

Magnifiques sommets enneigés

Ce sera mon plus gros plafond du vol. Ça tombe bien, c'est le moment où j'ai besoin d'être le plus haut possible. La transition vers Chamoux me fait peur. Ça doit être l'endroit où j'ai le plus vaché de ma vie de pilote. Je savoure chaque mètre que je gagne. La prochaine étape sera de voir comment poursuivre le parcours suivant la réussite de la transition et de la raccroche:

  • Si je suis haut, filer dans la vallée des huiles pour raccrocher au Grand Chat (Orange).
  • Sinon si j'arrive à avancer sans trop perdre, suivre le relief qui descend jusqu'à la Rochette pour sauter sur le bas du Chapotet (Bleu).
  • Sinon filer sur les tours de Montmayeur (Rouge).
Aujourd'hui ça va passer

J'espère trouver un thermique en passant au-dessus de Chamoux. Je ne trouve rien. Je vois un nuages qui se forme une crête plus loin. C'est ma dernière chance pour viser le passage par la vallée des Huiles. Si je ne monte pas, je serais trop bas pour me sortir de cette vallée qui m'a déjà fait posé à 198km... Plus jamais. Je me concentre sur ce nuage, la dérive probable. C'est bon, je touche et je peux enrouler pour gagner les 400m qu'il me manque. L'endroit est tout de même technique et je ne le connais pas beaucoup. Je n'hésites pas à enrouler dès je trouve des varios valables.

Ça raccroche ! La vallée des Huiles et le Grand Arc au loin sont passés

Un plaf sur la crête du Chapotet me met en confiance pour avancer et raccrocher à Allevard. J'essaye de ne pas trop perdre de temps, je sais que rien n'est encore gagné. Il commence à être tard et le ciel est bien encombré.

Ce retour se passe sans accroc

Belledonne: innover à la maison

Je refais un plaf à Allevard à 2500. Je suis prêt à transiter vers le Crêt du Poulet. Je commence à sentir le bout. J'arrive bientôt dans la partie du vol que je connais le plus après avoir écumé Belledonne dans toutes les conditions depuis Chamrousse. Devant, Simon semble bien avancer, tous les signaux sont au vert. Tous sauf les nuages, les hauts reliefs de Belledonne sont complètement sous un étalement nuageux. Je suis le Crêt du Poulet sur quelques kilomètres sans rien trouver. J'essaie d'enrouler dès que j'entends quelques bips. Mais non, je ne fais que descendre. Pour la deuxième fois du vol je dois agir, prendre une décision pour corriger le tir sinon je vais poser sous peu. J'avance vers les avant-reliefs qui semblent plus au Soleil. Mais lequel ? Je continue d'avancer vers celui plus au Sud avant de réagir que s'il y a un avant-relief sur-exploité par tous les pilotes du coin, c'est bien le Saint Genix. Quart de tour droit, je passe 70m au-dessus du relief.

La raccroche difficile du Crêt du Poulet
Pas beaucoup de marge pour passer le relief

Je ne suis pas du tout bien placé. Totalement à l'opposé du point de raccroche habituel. Surement sous le vent de la brise. Tout s'effondre. Comment vais-je pouvoir me sortir de ce trou ? J'arrive à exploiter sur la face au vent d'une des combes. Je gagne 200m. Je vois sur le livetrack, qu'un pilote vient de monter à 1700 au-dessus de moi. Je garde espoir, il y a encore moyen de bien monter.

C'est bien beau, mais qu'est ce que je fais là ?!?

Je fais une chose que je m'interdis en cross, sauf cas de force majeur (Ce qui est le cas): faire demi-tour. Je remonte vers la raccroche habituelle du Saint Genix plus au Nord. Je me bats pour trouver un bon thermique. Je remonte au vent dès que je me sens trop dériver. Mais tout ce temps je me questionne: Je peux monter à 1700, mais après ? Que vais-je pouvoir faire ? Je suis déjà passé sur le Crêt du Poulet en étant plus haut et ça n'a rien donné.
Je ne vois qu'une seule possibilité: avancer par les avant-reliefs. Il n'y a que là où le Soleil rasant perce encore un peu. Je prends mon temps. Chaque mètre gagné me donne une chance supplémentaire de finir mon parcours. Tout d'un coup, je passe d'un petit thermique du soir à un bon noyau qui me permet de passer au-dessus des 2400m. Je n'ai peut être jamais été à cette altitude au Saint Genix. Rien n'est perdu, c'est parti !

A cette hauteur, là on commence à causer

Je pars à suivre les avant-reliefs de Belledonne en espérant y trouver une ligne porteuse. Je suis hésitant sur la première partie. Je pars un peu en direction de la vallée avant de me dire que ce sont les avant-reliefs qui vont pouvoir m'aider. Cette hésitation me coûte cher en altitude. Heureusement, Rémi me rappelle de ne rien lâcher, il croit en moi, il sait que c'est possible.
D'après ce que j'ai pu étudier en préparant mon parcours, j'ai deux possibilités pour boucler sans passer Grenoble: La première possibilité est d'aller vers Meylan, mais en l'air, je me rends compte que ça ne tient pas debout. Il faut contourner la zone de l'aérodrome du Versoud en faisant une transition de 15km et il faudrait poser dans un coin dégagé de Meylan sans rien avoir repéré au préalable. Deuxième possibilité, suivre les avant-reliefs de Belledonne et se glisser entre les montagnes et l'aérodrome du Versoud. Mes souvenirs et une vérification sur XCTrack me montrent que je devrais avoir des zones posables tout le long du parcours. La dernière vache possible est quelques centaines de mètres avant mon point de bouclage. Le plan est crédible. Je pars à fond là dessus.

Deux possibilités pour boucler: Au Nord ou au Sud de la zone du Versoud

Je retrouve une ligne plutôt porteuse. Je n'y crois pas, je vais réussir ! Au-dessus de la Combe de Lancey, je touche même un petit vario. J'enroule pour gagner trois fois rien, mais ça me permet toujours d'être quelques mètres plus proche de mon objectif. De plus, la brise me pousse. La zone du Versoud s'étend maintenant à côté de moi. Je m'imagine dans un couloir: A droite, une zone aérienne, à gauche les reliefs. Tout est calme. Après cette journée à essayer de optimiser au maximum ma vitesse, je me retrouve à optimiser dans de toutes petites conditions. J'adore ce moment du vol. Il faut essayer de faire durer les choses, patiemment, tranquillement. La brise venant de Grenoble me permet de tenir en soaring.

La nébulosité cache fortement le Soleil mais heureusement la brise permet de me maintenir

J'arrive au-dessus de Domène, je suis maintenant certain de boucler. Quelques petits tours pour profiter du moment. Et j'y suis ! Le parcours est bouclé.

Et c'est bouclé ! Maintenant, ce n'est que du bonus

Aujourd'hui même quand les choses n'allaient pas, tout allait trop bien. J'ai la satisfaction d'un vol bien fait. Une balade comme j'en ai jamais vécu. Maintenant, je profite comme lors de n'importe quel vol du soir. Je fais quelques petits tours au niveau du chêne de Venon. Beaucoup de personnes profitent du coucher de soleil devant un pique-nique. Je profite de mon belvédère privé. Je suis encore haut. Presque 800m, je peux encore atteindre tranquillement la dernière vache de Murianette. Mais au fait, je peux même traverser la combe de Gières. Je vois un beau posé de l'autre côté. Voilà 3km de gagné sur le triangle, on ne va pas cracher dessus. Je recherche un posé qui m'avancerait dans mon parcours. Mais je ne vois plus rien de raisonnable. De là, j'aperçois quelques barbecue sur le Mûrier. Je me pose même la question de poser avec eux taxer une chipo. Mais Rémi est prêt à venir me chercher et ça retarderait d'autant plus la bière de victoire.

Le parfait coucher de Soleil vue sur Grenoble

Bientôt 20h, la barre des 10h en vol n'est plus très loin. Il est hors de question que je pose avant cette barre symbolique. Je profite d'un petit dynamique jusqu'à cette nouvelle réussite. Cette barre est passée. Tous les objectifs sont parfaitement remplis, il est temps d'aller poser. De suite, une série de wings timides me fait descendre jusqu'à un parfait posé sur une piste entre deux champs.

Ce retour par Belledonne dans la difficulté

Retour sur Terre

Il est maintenant temps de sortir mon sandwich du déjeuner qui n'a pas eu le temps d'être mangé. J'en profite pour répondre à tous les copains qui m'ont envoyé des messages durant tout ce temps. Plein d'encouragements que je remercie, Augustin et Guillaume qui se mordent les doigts d'être restés pour des conditions moyennes dans le Sud. Max qui m'attend pour un burger à Lumbin (Ahah, il a même cru que j'allais vacher là bas). Tout l'Aile et la Cuisse qui commentait chacun des moments du vols. Rémi qui me coachait depuis le sol.

Il est temps de taper ce sandwich qui m'a servi de lest jusqu'à présent

Synthèse

Encore aujourd'hui ce vol me parait irréaliste. Les conditions étaient fabuleuses et j'ai vraiment réussi à passer au-dessus de mon blocage à enrouler pour rien. Ce vol qui m'a toujours paru hors de portée à pu être réalisé.
Après deux vols autour de Gap, je suis remonté dans les Alpes du Nord pour rechercher un peu de simplicité dans le vol. Je l'ai totalement trouvé. J'ai senti ce vol tellement plus facile et reposant que ceux des deux jours précédents.
Au final, ce dernier parcours passe par 6 massifs, il atteint les 268km en triangle plat. J'avais un objectif hypothétique de passer les 250 durant l'été et de faire quelques 200 pour me montrer que la dernière fois n'était pas un coup de chance. Voilà deux objectifs de remplis !

Rythme du vol

Ce vol n'était pas que super grand, il a aussi été vraiment plus rapide que mes cross habituels. J'ai réussi à faire ce parcours à une vitesse moyenne que je n'ai jamais atteint sur un cross, un peu plus de 26km/h. Et encore, la dernière partie du parcours m'a fortement ralenti. Voici un tableau donnant la vitesse moyenne du parcours à chaque étape:

Lieu Vitesse moyenne
Grand Veymont 37km/h
Moucherotte 36km/h
Dent de Crolles 32km/h
Granier 34km/h
Dent d'Arclusaz 32km/h
La Clusaz 32km/h
Dent de Cons retour 31km/h
Grand Arc 29km/h
Saint Genix raccroche 29km/h
Saint Genix plaf 27km/h
Gières 27km/h

On voit que:

  • La partie autoroute du Vercors s'est faite à une vitesse déconnante.
  • L'extraction en Chartreuse m'a pas mal fait perdre de temps.
  • Une fois l'extraction faite, le reste de la Chartreuse roulait tout du long.
  • Encore une fois la raccroche au Bauges et l'extraction à Montlabmert ont fait baisser le rythme.
  • Ensuite le segment jusqu'au retour à la Dent de Cons après la balise de la Clusaz s'est faite avec une bonne vitesse sans faire baisser la moyenne.
  • Puis le rythme a bien diminué pour passer au Grand Arc et à Allevard. La portion était bien plus technique avec des risques de poser au vu de l'heure assez tardive.
  • La raccroche inextremiste au Saint Genix a fait fortement baisser la moyenne. A partir de là, j'ai pris le temps pour tout exploiter le plus soigneusement possible.
  • Enfin le glide final jusqu'à l'atterro n'a pas augmenter la moyenne car je prennais tout mon temps pour exploiter le moindre pet de mouche que je rencontrais.

Vidéo

Lien - Trace

  • Ma trace:
Ad Cou • 11.5.2024 • ▻ 268.80 km
PARAGLIDING ⛳ Moucherotte [FR] ∷ ⌛ 10:04:53 h ∷ ø 26.77 km/h ∷ ⊺ 3145 m
  • Simon:
Simon Tattevin • 11.5.2024 • ▻ 233.38 km
PARAGLIDING ⛳ Col Vert [FR] ∷ ⌛ 9:11:38 h ∷ ø 25.65 km/h ∷ ⊺ 2690 m

Debrief global

Ce WE était une pure folie. J'ai adoré tous ces vols qu'on a pu faire. J'adore ces vols avec les copains où nous naviguons en groupe "large". Chacun prend ses options, chacun prend ses décisions. On a tous le niveau pour s'assumer. Mais en même temps, c'est un plaisir de se retrouver tout le long du parcours. C'est un plaisir de pouvoir comparer deux options très différentes. C'est un plaisir de voler et de passer du temps avec les copains.
C'est tout simplement un plaisir de voler et de se balader en l'air dans des paysages de folie avec des points de vue à couper le souffle: Vive le cross !!!