Quand l'anticyclone va, tout va !

L'anticyclone étant très actif en ce WE, les conditions pour voler n'étaient pas mauvaise pour se tenter un vol-rando-cross dans le Trièves. Et puisqu'il est question de marcher, autant se faire une sortie un peu exotique. Direction le Chatel et son décollage 5 étoiles pour cette journée ensoleillée.

Ce WE, après le gras ingéré la veille lors de la journée club, il était temps de se remettre au sport. Peu d'enthousiastes à l'idée de marcher pour aller voler. Nous ne serons donc que 3 à tenter de monter au Chatel et à redescendre en volant mais pas n'importe quels participants : Antoine, JB et moi-même.

Nous commençons la journée par un repérage des lieux. Sur la carte, en théorie donc, on peut laisser la voiture un peu partout autour du Chatel. Des chemins de randonnée y montent de toute part et des vaches potentielles l'entoure. Nous restreignons nos choix aux faces Ouest parce que si l'on doit redescendre tard dans la journée, on aura au moins la brise avec nous et l'on ne sera pas sous le vent du Chatel.

Après un premier essai vers Mentayre, nous faisons demi tour faute d'avoir trouvé un terrain assez plat et assez vaste pour en faire notre terrain d'atterrissage de notre vol. Nous prenons alors la direction de Menglas où les courbes de niveau de la carte sont plus espacées, nous faisant espérer des terrains plus propices à nos besoins.

Bingo ! En y allant, on trouve une manche à air sur un terrain relativement en pente avant le village. Nous nous y attardons quelques instants mais décidons d'aller voir plus loin : ça rallonge la randonnée de laisser la voiture ici et c'est trop en pente pour nous. Une question demeure, pourquoi il y a une manche à air ici ?

Nous continuons donc et arrivons à l'entrée de Menglas. Un camping car, garé sous des arbres sur le côté de la route, nous indique que nous pouvons laisser la voiture dans le coin. Et surprise, juste derrière, il y a un magnifique champ (non cultivé et sans clôture) sur lequel nous pourrions nous poser. C'est décider, on partira d'ici et on se posera dessus tout à l'heure.

La randonnée n'a rien de difficile. 1000m de dénivelé positif sur du chemin forestier puis de montagne et environ 7km à couvrir. Le chemin est inégal, parfois très pentu et parfois plat. Quelques randonneurs ou cavaliers parcourent également ce coin. Après 2h20 à monter, nous arrivons finalement au sommet.

Le sommet est une immense prairie. On peut littéralement décoller de partout. La météo nous annonçait un léger Sud mais nous n'en voyons pas la couleur. Au contraire, la chaleur est étouffante, il y a peu d'air pour nous rafraîchir. Mais les thermiques commencent à se mettre en place pendant que nous mangeons. Au loin, sur le décollage de Courtet, quelques voiles commencent à se mettre en place. Nous aurons quelques fusibles même si ils sont plus bas dans la masse d'air.

A peine fini de manger qu'il est temps de s'équiper. Les rapaces qui passent devant nous matérialisent bien le thermique. JB n'en peut plus et nous n'avons aucun jouet pour le faire patienter davantage ! A l'attaque donc ! On repère une dernière fois le terrain d'atterrissage pour que tout le monde rentre pas trop loin de la voiture. JB en profite pour me faire remarquer que je n'ai pas poser les clés sur la voiture, donc il faut impérativement que je me pose à la voiture. Aïe ! Bon ba, va pour être Sam cette fois ci : Sam, c'est celui qui ne crosse pas (ou toujours à portée de l'atterrissage).

JB s'élance le premier, vite propulsé au dessus du Chatel. Antoine le suit de peu. Pour ma part, je rate mon décollage. Après un mauvais contrôle de ma voile, mes élévateurs se twistent mais je l'annule avant de ne plus toucher le sol. Je suis bon pour un deuxième essai. Le thermique est fort et la voile ne demande qu'à partir, mais il faut que je me re-prépare après ce premier essai raté. Le deuxième sera le bon et je rejoins rapidement mes collègues qui sont plusieurs centaines de mètres plus haut au dessus du Chatel.

Jusque là, tout va bien. On va essayer de retourner au dessus de Courtet voir ce que cela donne par là bas. Les ailes de Courtet commencent à s'extraire à leur tour. Après avoir passé le Col de Brèche (dont le venturi n'était pas actif), nous rejoignons les pentes de l'Obiou. Par contre, le -4m/s sur le vario m'indique que ce n'est pas bon partout non plus. Les thermiques nous montent bien mais sont plutôt difficile à comprendre et à centrer.

« C'est fumant ! » me crie JB pendant que nous enroulons le même thermique.

On parviendra malgré tout à 2850m d'altitude. Et enfin le moment tant redouté arriva.

« Bon les gars, je pars vers le Grand Ferrand », nous annonce Antoine en radio.

JB et moi sommes moins enthousiastes. Antoine est le seul à aller dans cette direction, mêmes les Deltas et les Enzos n'osent pas s'y rendre. Nous regardons donc Antoine aller se perdre au loin afin de décider si oui ou non c'est une bonne idée. Finalement, JB suivra lorsqu'Antoine prendra son premier thermique à mi chemin. Et puis les Deltas et les Enzos arriveront ensuite.

Pendant que les parapentistes suivent le fusible Antoine, ce dernier arrive sous le Grand Ferrand.

« JB, y a un super thermique au Sud du sommet ! », claironne gaiement Antoine.

« Ouais, il était bien large et facile à prendre ! Un bon +4m/s ! », lui répondit JB quelques minutes plus tard.

Pour ma part, trouvant la masse d'air pas super accueillante et facile à comprendre, je décidais de ne pas les suivre. Je continuais à monter et descendre sous l'Obiou sans arriver à l'atteindre (une dégueulante sous le sommet). Mon rêve de le survoler vraiment s'envola ce jour là. Je prenais alors le chemin du retour.

La brise se renforçait dans la vallée mais c'était prévu. Par contre, le terrain d'atterrissage n'était pas aussi accueillant d'en l'air que d'en bas. Au loin, je scrutais une voile qui se posait sur le terrain avec la manche à air que nous avions vu plus tôt. Est-ce vraiment un terrain pour nous ? Il paraissait vachement pentu quand même ! Et puis la voiture n'est pas par là, alors je n'ai fait que m'en approcher pour regarder la manche à air.

Mais ma décision était prise, je n'irais pas poser là bas. Mais alors comment poser ici ? Plusieurs aller-retours entre le terrain d'atterrissage et une vache potentielle m'ont permit d'estimer plus clairement le terrain. Voici mon dilemme :

  • Le terrain que nous avions vu n'est pas ou peu en pente mais des arbres sont au bout du terrain, entre la brise et le terrain. Si je pose face à la brise, il y a un risque de prendre des rouleaux ou au moins un gradient. Le gradient, je peux l'anticiper mais les rouleaux, une fois dedans, c'est Bagdad !
  • Le terrain que j'ai repéré en l'air est très long, pas cultivé et sans obstacle. Il est bien orienté face à la brise mais il est en pente. Le bas de la pente est face à la brise. Donc si il y a trop de vent, quelque soit la longueur du terrain, je ne toucherai jamais sol.

Après avoir fait plusieurs fois l'aller-retour entre les deux terrains, je décide que le deuxième est malgré tout plus accueillant. Dans le plus mauvais scénario, je pose de travers dans la pente. Je me positionne donc en haut du terrain et je commence mes S pour perdre de l'altitude. Et ça fonctionne, finalement, je n'aurais pas fait tout le terrain pour poser.

« Rémi, posé ! » annonçais-je à la radio. « Je plie et je vous dis les conditions du terrain d'atterrissage que nous avions vu, celui proche de la voiture. »

En haut, Antoine et JB sont de retour. JB fait du soaring et des posés sur le Chatel tandis qu'Antoine a entrepris l'approche.

« Rémi, je vais poser où t'as posé ! » dit Antoine en radio.

« Tu veux pas attendre que j'ai plié pour te dire si l'autre attero n'est pas mieux ? »

« Non, c'est bon t'inquiètes ».

Et bien justement, j'aurais dû m'inquiéter. Je lui explique comment j'ai fait, ce qu'il faut faire et ne pas faire. Finalement, Antoine fera une longue finale jusqu'à la quasi fin du champ et un petit posé travers pour éviter les arbres au bout. Ouf, on a eu chaud !

JB quand à lui posera sans souci au même endroit mais plus haut dans le champ, l'obligeant à nous rejoindre avec la voile au dessus de la tête mais en faisant attention de ne pas redécoller.

Une fois les voiles pliées et chargées dans la voiture, nous nous dirigeons vers le terrain avec la manche à air. On voulait comprendre comment le parapentiste avait pu poser là bas. Mais quel ne fut pas notre surprise quand lorsque nous sommes arrivé, il y avait un avion de l'Alpes d'Huez qui était sur le terrain ! En fait, le terrain en question est (et c'est une hypothèse personnelle) un alti-surface pour les apprentis avionneurs ! C'est pour cela qu'il est aussi en pente !

Une fois le mystère résolu, une bonne bière s'imposait pour fêter la superbe journée de marche et vol (et cross). Nous avons dégotté un super bar mais nous n'avons pas pris une seule boisson. Par contre, comme c'était un artisan glacier, on s'est bien fait plaisir :D

L'artisan glacier au retour de cette belle journée